Abandonnée très jeune dans un orphelinat par son père, Gabrielle Chanel veut sortir de sa condition misérable. Quelques années plus tard, si elle tente, en vain, de se faire un nom dans le monde du spectacle, elle s’y fera au moins un prénom : Coco. C’est dans le beuglant où elle chante qu’Etienne Balsan, un officier et riche bourgeois, la repère…
Bonne idée que de vouloir retracer la vie de Coco Chanel avant la gloire et le succès, encore eût-il fallu qu’Anne Fontaine ne tombe pas dans le piège de la jolie biographie. Même si il n’y a rien à redire à sa reconstitution du début du XXème siècle visuellement plaisante, tant au niveau des décors que des costumes, on ne peut que regretter sa vision trop sage et compassée de la vie de la couturière, façon beau livre d’images. La deuxième partie du film, surtout, qui narre les amours impossibles de Coco avec un bel anglais, est digne des bluettes de Barbara Cartland.
Audrey Tautou, mignonette mais sans surprise, semble passer à côté du rôle et quelques entorses à la réalité (Adrienne n’était pas la sœur de Coco mais sa jeune tante…) achèvent de plomber l’ensemble.
Pourtant, la réalisatrice avait de beaux atouts dans sa boîte à couture. Tant qu’à détourner (un peu) l’histoire, les relations entre Coco et sa sœur auraient pu être beaucoup plus approfondies. D’autant que Marie Gillain, en femme amoureuse et résignée, apporte une belle aura à son personnage.
Et que dire du personnage d’Etienne Balsan ? Qu’il sauve le film du roman-photo grâce à l’interprétation sensible et gouailleuse de Benoît Poelvoorde. Dès qu’il apparait, le film se met à vivre et à s’incarner confirmant, s’il en était besoin, l’étendu du répertoire de ce fabuleux comédien. Dommage qu’Anne Fontaine ne s’attarde pas plus sur lui et les relations qu’il entretenait avec la styliste. Elle ne fait finalement pas preuve d’assez d’audace pour nous parler d’une femme qui n’en manquait pas.
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