Le gamin au vélo - Affiche
Cyril, un gamin d’une douzaine d’années placé dans un foyer pour enfants, tente par tous les moyens de retrouver son père. Son chemin croise celui de Samantha, propriétaire d’un salon de coiffure, qui décide de le prendre sous son aile…
Avec Le gamin au vélo, les frères Dardenne continuent de poursuivre leur exploration du lien familial et plus particulièrement des rapports père-fils. Après L’enfant, ils abordent une nouvelle fois le thème de l’abandon et de ses conséquences mais vu, cette fois, à travers le regard de l’enfant et non plus celui de la mère, ici totalement absente. La brève rencontre entre Cyril et son père est certainement la scène la plus émouvante de ce film.
Dommage qu’une fois ces retrouvailles passées le reste de l’histoire soit beaucoup moins convaincant. Car si Le gamin au vélo aurait pu faire un très beau moyen métrage, il se révèle décevant sur la longueur. La faute à une fin de récit convenue où les deux réalisateurs, n’ayant sans doute plus grand-chose à dire, recyclent tous les clichés liés à la chute dans la délinquance, avec dealer et braquage qui tourne mal.
Au lieu d’atteindre une dimension universelle sur l’enfance abandonnée, comme avait pu le faire en son temps François Truffaut avec Les 400 coups, le film des frères Dardenne donne parfois la sensation d’assister en voyeur à ce qui se passe sur l’écran, sans véritable possibilité de recul. Impression désagréable que viennent renforcer plusieurs scènes bouche-trous qui relèvent plus du filmage « auteurisant » que d’une réelle recherche visuelle. A l’image de cet interminable plan où l’on suit Cyril en train de pédaler sur son vélo. Sans doute pour signifier que le gamin pédale autant dans la vie que dans sa tête… (Ou pour atteindre les 90 minutes d’un long métrage standard ?)
Peut-être aurait-il été plus intéressant d’insister sur l’apprivoisement progressif qui se joue entre Cyril et Samantha ? Rapprochement que les Dardenne réduisent à une courte scène de chatouilles dans une voiture ou à un pique-nique entre les deux acteurs principaux qui semblent jouer en roue libre en attendant qu’on leur dise « Coupez ! ».
Vous l’aurez compris, si Le gamin au vélo vaut le déplacement, c’est surtout pour la qualité de son interprétation et plus particulièrement au jeu inspiré du jeune Thomas Doret auquel répond, avec justesse, l’indifférence embarrassée de Jérémie Renier. Leurs confrontations sont la raison d’être de ce film. Dommage qu’elles n’aient pas été, cette fois, la principale source d’inspiration des deux réalisateurs !