Après une flopée de « films » affligeants et insipides sur les hommes en shorts avides de ballons ronds, Hooligans fait figure d’évènement en s’intéressant aux hommes à bières avides de bastons. On pouvait craindre le pire du film de Lexi Alexander, le monde du foot vu du côté de ses supporters les plus fanatiques n’est pas l’affiche la plus excitante au fronton d’un cinéma. Et pourtant, dès les premières minutes de son film, la réalisatrice nous immerge avec réalisme dans un univers où violence extrême et fraternité sont liées. A la manière d’un Ken Loach, Lexi Alexander filme au plus près ces clubs de supporters et leurs confrontations dans des combats de rue d’une rare brutalité.
Bien sûr, on pourra reprocher au film son côté hollywoodien en introduisant une note sentimentale dans ces échauffourées. L’arrivée du jeune américain (Elijah Wood très bien) et sa rapide intégration au sein d’un des « gangs » semblent peu crédibles mais son regard de Candide permet au spectateur de s’immiscer plus aisément dans un monde dont les règles nous sont inconnues (sauf peut être pour ceux qui me lisent une bière à la main). Sans éviter certains poncifs scénaristiques comme ceux du supporter repenti, du traître ou du méchant bas du front, la réalisatrice nous dépeint sans ménagement les agissements de personnes, jeunes et vieilles, toutes socialement intégrées, pour qui se battre après un match semble être l’exutoire suprême mais aussi le ciment de leur camaraderie. Avec minutie, elle décrit les mécanismes qui poussent des gens (à priori sensés dans la vie de tous les jours) à devenir des bêtes incontrôlables et stupides. Elle est aidée en cela par la belle performance d’acteur de Charlie Hunnam qui campe un hooligan aussi violent qu’il peut être attachant.
Sans angélisme ni critique facile, Hooligan a le mérite de poser les bonnes questions sur les débordements de violence de nos sociétés dites policées. Un bon sujet de réflexions à quelques jours du début de la coupe du monde.