Sam Flynn, fils du célèbre concepteur de jeux vidéo, retrouve son père, disparu depuis des années, à l’intérieur du programme informatique qu’il avait créé et dont il est, aujourd’hui, le prisonnier.
Qui a eu l’occasion de revoir Tron ces dix dernières années n’a pu que constater le côté daté du film et déplorer un scénario (certes, élaboré sur une idée un peu prophétique : l’homme absorbé, au propre comme au figuré, par la machine) dénué d’intérêt faisant la part belle aux effets spéciaux.
On ne voyait donc pas très bien ce qui pouvait motiver la suite d’un film qui n’avait déjà pas trouvé son public lors de sa sortie en 1982.
Une nostalgie coupable des enfants d’alors qui s’émerveillent encore aujourd’hui devant le premier jeu de tennis vidéo où deux barres blanches se renvoyaient mollement une balle sur un fond noir très seyant ?
Ou l’inavouable envie de certains « as » du marketing de se faire du fric sur le dos des « nerds » et des « geeks », très à la mode ces derniers temps dans les médias ?
Au vu du résultat, la deuxième proposition s’avère, hélas, être la plus plausible.
Comme il y a presque trente ans, Tron l’héritage mise lui aussi sur les effets spéciaux plutôt que sur le récit, toujours aussi creux . Difficile dans ces conditions de s’intéresser aux nouvelles aventures de Kevin Flynn et de son fils. D’autant que la relève, côté acteurs, n’est pas vraiment assurée et que jeu lisse de Garett Hedlund (le fils) contraste singulièrement avec les convaincantes prestations – d’hier et d’aujourd’hui – de Jeff Bridges.
Quant au personnage de Tron, qui donne toujours son nom au titre du film, il n’apparait plus que casqué, le visage dissimulé derrière une visière noire. Son interprète d’origine, Bruce Boxleitner, étant tristement remisé au rang de faire-valoir. Cela dit, peut être a-t-il eu un éclair de lucidité en voulant éviter ce que les petits génies de l’image de synthèse ont fait subir au double de Jeff Bridges, sorte d’hybride jeune du comédien dont les yeux de poisson mort et le front lisse jurent furieusement avec les expressions plus réalistes du bas de son visage. Une sorte de monstre informatique que seul le maquillage pathétique et ridicule d’un Michael Sheen, albinos et méconnaissable, parvient à détrôner.
Dans cette course au ratage, les effets spéciaux ne sont pas en reste, ne faisant que reprendre l’esthétique de l’original en tentant de la remettre au goût du jour. Peine perdue, les costumes et les machines sont toujours aussi ringards, basiques et dépassés à l’heure où les jeux vidéos n’ont jamais été aussi innovants et proches du cinéma, voir du réel.
Et ce n’est pas la 3D qui arrange les choses, atténuant et délavant les couleurs fluorescentes qui faisaient le charme du premier opus.
Pour résumer, le film de Joseph Kosinski fait penser à ces portefeuilles surprises que des gamins blagueurs laissent parfois traîner sur les trottoirs à l’attention de passants crédules, avides de pognon. Sous un emballage attrayant, Tron l’héritage ne dissimule finalement aux spectateurs avides d’innovation qu’un gros é-Tron.
lol ! en gros tu as tout dit et j’en suis très d’accord !
Biz sensei
Vu hier. Figures-toi que ça m’a bien plu. J’ai aimé les décors et la couleur générale du film. J’ai même versé ma larme à la fin. Bien sûr le comédien principal est catastrophique (le fils). Bien sûr, il y a 8000 pistes de scénarios non développées (Tron aliéné par les programmes, le peuple miraculeux et sa dernière survivante, le thème du clône qui se révolte, les méchants spéculateurs du début…) Mais, il y a une atmosphère calme et triste dans tout ça qui m’a séduite. Comme si on avait déjà renoncé à une certaine idée de l’humanité et qu’il fallait juste se contenter de sentir le soleil et le vent sur son visage.
Jugement dur mais intéressant sur les Tron d’hier et d’aujourd’hui. Le premier me rend nostalgique même s’il a très mal vieillit. Le deuxième est quant à lui assez laid visuellement, et c’est bien dommage que la prestation de Garrett Hedlund ne le mette pas à son avantage car je l’ai trouvé bon en Moriarty dans Sur la Route.
😉