Depuis la fin des années 70 et ses grandes réussites (Soleil vert, La planète des singes), le cinéma d’anticipation adulte semblait avoir disparu au profit de grosses productions de science-fiction sans âme, truffées d’effets spéciaux. La découverte du film d’Alfonso Cuaron (réalisateur du meilleur opus de la saga des Harry Potter : Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban) est donc une très bonne surprise et une vraie claque cinématographique. Filmé comme un documentaire, caméra à l’épaule, le film nous dépeint avec crudité notre monde en plein déclin depuis que les femmes n’arrivent plus à enfanter. Devant cette fin du monde annoncée, les guerres civiles et les dictatures ont balayé les démocraties tandis que les attentats terroristes, le contrôle de l’immigration et la destruction de l’environnement s’accélèrent. Pourtant, au milieu de ce chaos, l’espoir va renaître. Une femme noire, d’origine étrangère, s’apprête à mettre au monde le premier enfant depuis plus de vingt ans.
S’emparant à bras le corps de son sujet et alternant les scènes intimistes et les morceaux de bravoure (dont un époustouflant plan séquence de guérilla urbaine), Alfonso Cuarón nous livre une œuvre sans concession et non dénuée d’humour, à l’image de cette scène où le héros et sa protégée tentent de fuir dans une voiture qui ne veut pas démarrer. Le récit, d’une brûlante actualité, trouve également sa justesse grâce à l’excellence des comédiens. Clive Owen est impressionnant dans le rôle d’un homme brisé et désabusé en quête de rédemption. Quant à Michael Caine et Julianne Moore, ils amènent la part d’humanité qui permet au film de ne pas sombrer dans une trop grande noirceur.
Ambitieux et dérangeant, et cela malgré une fin « optimiste » qui affaiblit un peu la portée du propos, Les fils de l’homme n’en reste pas moins le film d’anticipation le plus abouti de ce début de siècle.