Quatre pickpockets vivent tranquillement de leurs larcins dans les rues de Hong-Kong jusqu’au jour où ils rencontrent, chacun de leur côté, la même énigmatique jeune femme…
Petite parenthèse ludique et romantique dans la filmographie policière de Johnnie To, Sparrow enchante grâce à ses personnages attachants et à sa mise en scène alerte. Ici, les vols à la tire sont filmés comme des ballets élaborés et l’humour se fait aussi aérien que les ballons qui parsèment le film.
A ce titre, la séquence de drague dans un ascenseur à l’aide d’un ballon de baudruche est un réel moment d’inventivité et de drôlerie. Et que dire de cette scène où nos héros poursuivent la mystérieuse jeune femme jusque dans un ascenseur (encore un) où ils se retrouvent tous coincés avec un aquarium sinon qu’elle fait penser au fameux gag d’Une nuit à l’opéra où les Marx Brothers s’entassaient, avec d’autres passagers, dans une minuscule cabine de bateau.
S’il n’y a aucune des fusillades qui ont fait son succès, on retrouve malgré tout les thèmes chers au réalisateur de Breaking news : des fameux repas entre copains à une fuite vertigineusement romantique dans une cage d’escalier triangulaire.
Sans oublier la superbe photographie qui est aussi sa marque de fabrique : de la découverte de l’appartement vide de Chun Lei où des dizaines de cages d’oiseaux se dessinent en ombre chinoise sur un mur, aux magnifiques plans de Hong-Kong où ruelles pauvres et quartiers d’affaire sont magnifiés par des cadrages insolites que viennent ponctuer les jolies photos en noir et blanc prises par Kei, le chef de la petite bande de pickpockets.
Bien sûr, on pourra reprocher à Sparrow son scénario léger et moins élaboré qu’à l’accoutumée. Mais le final étonnant, mélangeant western et comédie musicale, efface rapidement cette petite déconvenue. Ici, les duels sous la pluie se font de part et d’autre d’un passage pour piétons et si les parapluies ont remplacé les chapeaux de cow-boy, les regards des adversaires sont tout aussi froids et déterminés.
Cette rencontre improbable entre Sergio Leone et Stanley Donen vaut, à elle seule, le détour et donne au spectateur le sentiment de ne pas s’être fait faire les poches par un cinéaste certes habile à (dé)trousser les histoires mais qui sait aussi faire preuve d’une indéniable grâce poétique.