Envie de transformer le brushing de votre banquier en permanente qui décoiffe à mort ?
Envie d’étouffer les chefs d’entreprise qui ne manquent pas d’air avec leur parachute doré ?
Envie tout simplement de faire manger du plomb à tous ces patrons voyous ?
Alors, Louise-Michel est fait pour vous.
Engagés mais dégagés de toutes contraintes (sinon d’appuyer là où ça fait mal) Gustave Kervern et Benoît Delépine frappent fort avec un film qui détonne au milieu de la production française actuelle plutôt consensuelle.
Par petites touches entrecoupées de répliques qui font mouche, les deux réalisateurs peignent avec une verve féroce la résistance de petites gens face aux affolés du CAC 40 qui délocalisent à tour de bras. Contre le cynisme individuel ambiant, ils prônent l’entraide pour faire face à l’inexorable décomposition du tissu social.
Oh, bien sur, Louise et Michel sont loin d’être parfaits (selon la célèbre réplique de Certains l’aiment chaud) mais Yolande Moreau et Bouli Lanners parviennent à nous les rendre attachants jusque dans leurs pires travers.
Road movie sanglant mais qui sait prendre son temps, le film exploite finement les zones obscures de ses personnages grâce à l’utilisation judicieuse des non-dits et du cadre cinématographique. Kervern et Delépine donnent d’ailleurs une petite leçon de mise en scène à tous les agités de la caméra qui sévissent sur nos écrans et confondent rythme avec précipitation. Ici, les plans fixes sont sources de gags et exploitent avec brio le potentiel comique, trop souvent ignoré, du hors champ (Voir la scène du labyrinthe de mobile homes).
Bref, malgré une légère propension à s’éparpiller en voulant trop en dire, Louise-Michel est une œuvre salutaire qui nous venge des brimades quotidiennes de tous ces petits et grands chefs qui veulent, à toute force, nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Un dernier conseil, restez dans la salle jusqu’au bout du générique de fin, Dupontel y fait des étincelles !