Traqué depuis deux mois, Ethan Hunt est contacté par la Présidente des États-Unis afin qu’il sauve l’humanité de l’Entité, une intelligence artificielle qui a décidé de déclencher l’apocalypse en prenant le contrôle des arsenaux nucléaires des grandes puissances mondiales.

Après une grève des acteurs et deux ans d’attente, que reste-t-il du divertissant Mission Impossible : Dead Reckoning dans cette interminable suite ? Pas grand-chose.
Présenté comme la conclusion d’une saga de huit films, Mission Impossible : The Final Reckoning retombe dans le travers des deux premiers opus (ceux de Brian de Palma et de John Woo), à savoir un film à la gloire d’Ethan Hunt (et de Tom Cruise) au détriment de son équipe réduite à l’état de faire-valoir. Alors que la série Mission Impossible fonctionnait avant tout grâce à la collaboration entre ses membres, ici Ethan devient le seul être au monde à pouvoir sauver la planète de la destruction (la scientologie peut être fier de son interprète). Il a beau s’en défendre régulièrement pendant le film avec une certaine fausse modestie (Mais non, voyons…), tous le ramènent à sa dimension christique (Mais si, Messie !) de surhomme indestructible, intelligent et super bien gaulé. Il faut dire que le temps n’a pas de prise sur le gars Tom qui se montre torse poil dès qu’il en a l’occasion (histoire de prouver qu’il a su préserver sa masse graisseuse, même après 60 ans), sans crainte du ridicule comme dans cette scène où il résiste aux eaux glacées de la mer de Béring après avoir retiré sa combinaison de plongée.
Hormis une amusante scène de combat complètement décalée, puisqu’elle se lit entièrement sur le visage d’Hayley Atwell, les 90 premières minutes sont plutôt soporifiques et s’échinent à nous résumer 29 ans de saga à grands coups de flash-back et d’explications de texte où tout le monde se prend très au sérieux, surtout quand il s’agit de passer la brosse à reluire au héros. « Nos vies sont la somme de nos choix. C’est ta raison d’être, ta destinée. » dit à Ethan Hunt un de ses compagnons de la première heure.
Tommy aimerait bien que les spectateurs lui fassent aussi confiance une toute dernière fois. Mais comment y parvenir quand il ne retrouve plus ce qui faisait le sel de la franchise ? Où sont les gadgets et les nombreux retournements de situation ? L’intrigue, complètement linéaire, a beau se référer au passé, elle en oublie le film précédent :
La mort de la petite amie d’Ethan, tuée autrefois par le méchant Gabriel, ne sera ni expliquée, ni résolue.
Rallié au camp du bien, le personnage de Paris, joué par la Française Pom Klementieff, n’a plus grande utilité si ce n’est celle de nous sortir, à chacune de ses scènes, une phrase en français dans le texte qu’on croirait tirée des Aphorismes pour les Nuls.
Quant aux deux méchants de l’histoire, ils sont devenus aussi secondaires que l’était la patte de lapin dans Mission Impossible III. Même en avion, Gabriel brasse de l’air tandis que la menace de l’Entité s’avère finalement aussi artificielle que son intelligence.
Reste deux belles scènes d’action, l’une dans un sous-marin (mais dont la conclusion laisse à penser qu’on nous prend pour des cons), l’autre avec deux biplans (mais dont la conclusion laisse à penser qu’on prend Esai Morales, alias Gabriel, pour un con). Trop peu pour hisser cette nouvelle aventure au sommet de la franchise.
Pour son grand final, ce « dernier » Mission Impossible se la joue pépère et préfère s’en remettre à un grand bricolage approximatif plutôt qu’à un plan préparé de longue date. La mission de trop ?