Affiche du film Le monocle noir
D’étranges individus sont invités dans le château d’un vieux marquis afin de rencontrer un rescapé du IIIe Reich. Parmi eux, Dromard, un commandant Français aveugle qui porte un monocle noir…
Le monocle noir marque un tournant dans la filmographie de Georges Lautner et signe l’acte de naissance de ses fameux polars – ou films d’espionnage – au ton décalé qui allaient aboutir aux célèbres Tontons flingueurs ou aux Barbouzes.
Cette histoire assez sombre de réunion d’espions souhaitant le retour du nazisme – tiré d’un roman de Rémy, récompensé par le Prix du Quai des Orfèvres 1960, dont Lautner n’avait pas apprécié la lecture – est revue sous le prisme déformant de la déconne, le cinéaste et son scénariste transformant le roman noir en une comédie policière où l’on s’entretue allègrement entre deux bons mots. Un pari osé (pimenté de quelques femmes dénudées) pour l’époque qui n’avait pas l’habitude du mélange des genres, mais un choix gagnant puisque le film remportera un certain succès en salles.
Alors même si ce Monocle oscille encore entre polar moderne (la fuite éperdue de la secrétaire du conservateur du château, parfaitement mise en scène, rappel étrangement la première scène du film de Robert Aldrich, En quatrième vitesse.) et humour noir, il ouvre indubitablement la voie aux futurs succès de Lautner, épaulé par les dialogues tout en finesse de Jacques Robert…
– Vous n’allez quand même pas tuer un homme de sang froid ?
– Bah si, en plus, il faut se mettre en colère…
Ainsi que par la prestation farfelue et décalée de Paul Meurisse qui compose, pour l’occasion, un espion à la démarche raide et au langage châtié. Un espion qui allait reprendre du service dans deux suites : L’oeil du monocle et Le monocle rit jaune avant de quasiment passer inaperçu au sein de la riche filmographie du cinéaste, malgré son apparition clin d’œil à la fin des Tontons flingueurs.
Un personnage qu’il convient de ne pas oublier si l’on souhaite comprendre pleinement le versant loufoque de l’œuvre de Georges Lautner.