Le corps parfait d’une jeune femme est retrouvé à moitié enseveli dans la cave d’une maison où a eu lieu un massacre sanglant. La police, désemparée, demande à Tommy Tilden et à son fils de pratiquer une autopsie dans leur morgue située sous la maison familiale.
Pour les deux médecins-légistes, la nuit va être longue et la dissection riche en découvertes inquiétantes…
Mais pourquoi donc avoir donné un autre titre, qui plus est en anglais, à ce film alors que l’original, The Autopsy of Jane Doe, en définissait parfaitement son sujet ?
Car c’est bien à une plongée diabolique dans les entrailles du mal – au propre comme au figuré – que l’on nous convie. Une autopsie d’un meurtre, sous forme d’enquête en huis-clos, rendue d’autant plus effrayante que le corps de la jeune femme, tout en placidité mortuaire, semble être à l’origine des évènements de plus en plus angoissants se déroulant dans la morgue.
Réalité ou illusion ? Grâce à la mise en scène astucieuse d’André Øvredal, le cadavre au centre du récit devient une sorte d’effet Koulechov dont l’impassibilité influe sur la peur du spectateur à chaque nouvelle incision.
Misant sur la suggestion plus que sur les effets faciles, le cinéaste tient la gageure de faire frissonner plus que sursauter pendant près des deux tiers du film, jusqu’à la révélation de l’identité de l’inconnue et de certains secrets de famille. Des divulgations qui coïncident avec un final plus convenu renouant avec certains clichés du film d’épouvante.
Cette petite déconvenue acceptée, The Jane Doe Identity n’en reste pas moins un brillant exercice de style dans la façon qu’il a de se jouer du rapport de chacun avec la mort tandis que la composition muette et immobile d’Olwen Catherine Kelly, dans le rôle de Jane Doe, n’en finit pas d’impressionner.
Mouais. Pas convaincue par le sujet mais bon…Il faut voir
Effectivement. Il faut voir…
J’ai beaucoup aimé ce film que j’ai découvert en festival :)!
Merci pour ton passage, Isa. 😉
Bien d’accord avec toi. Quelle idée stupide de traduire un titre anglais par un autre… titre anglais ! Il y a des claques qui se perdent chez certains distributeurs français.
C’est dans l’air du temps. Cela va de pair avec toutes ces critiques (d’abord sur le net, mais qui ont contaminé les médias classiques) qui passent leur temps à utiliser des termes anglais (biopic, feel good movie, badass, mistcast…) pour exprimer leur point de vue, comme s’il n’existait pas d’équivalent en français… Pitoyable…
C’est aussi que ça fait plus intelligent de dire des conneries en anglais. Ca impressionne les gamers ! (je voulais ajouter un smiley tordu de rire mais je ne sais pas encore faire ces choses là …
Marcorèle pose une bonne question (au sein d’une critique de qualité) : « pourquoi donc avoir donné un autre titre, qui plus est en anglais, à ce film alors que l’original, « The Autopsy of Jane Doe », en définissait parfaitement le sujet ? »
Convenons d’abord que le choix du titre d’un film diffusé en France est uniquement une question de marketing (comme on dit en Bourgogne, plutôt que « commercialisation », qui fait beaucoup plus péquenaud).
Nous pourrions tenter d’exposer ce que le choix d’un titre de film n’est pas, ou n’est plus, mais le sens critique de ces développements viendrait sans doute prématurément à bout de l’attention de trop de lecteurs. Alors, soumettons-nous au jugement populaire et passons directement au titre.
Le choix de la langue du titre : French ou anglais ?
En ces temps de chute vertigineuse du soft power étasunien, on s’étonne déjà que les films sortis des studios étasuniens trouvent encore aussi facilement un public. Que les publicitaires professionnels, théoriquement en avance sur leur temps comme les surfeurs sur leur vague, tiennent au surplus à nous le vendre sous un nom anglais relève du paradoxe ou de l’anachronisme.
Il faut convenir que nos manipulateurs professionnels français semblent indécrottablement convaincus que anglicisme égale gage de succès ; presque autant que les publicitaires étasuniens sont indécrottablement assurés que l’allusion à la France ou un nom commercial français est un gage irréfragable de qualité pour un produit vendu chez l’oncle Sam.
Il suffit de réaliser le nombre de produits purement français dont la publicité est rédigée en anglais en France (et donc en français à l’étranger !) …
Il fallait donc un titre anglais, vu que ça se vend mieux !
Pourquoi ne pas avoir gardé le titre d’origine ? The Autopsy of Jane Doe
Ce titre définissait pourtant parfaitement le sujet, ainsi que le relève notre critique préféré. En effet, c’est de l’autopsie que toute l’histoire découle.
Peut-être que nos manipulateurs diplômés de « marketing » craignaient que le mot autopsy ou autopsie n’effraie trop de monde, notamment chez les parents ?
Peut-être qu’ils ne croyaient pas que le sens figuré d’autopsie l’emporterait dans l’esprit des ados intéressés par le film, qui n’ont jamais vu « Autopsie d’un crime » (« The Burning Bed ») de Robert Greenwald, et encore mois Autopsie d’un meurtre (« Anatomy of a Murder ») d’Otto Preminger …
Pourtant, si une autopsie est destinée à retrouver les causes physiques de la mort, le sens figuré est bien le sujet de fond du film : découvrir ce qui s’est passé dans la vie passée du cadavre, pour qu’on en arrive au meurtre ou à la mort …
Pourquoi ce mot a-t-il été abandonné alors qu’on l’avait utilisé en 1959 puis en 1984 ? Mystère supplémentaire !
Comme il serait intéressant d’accéder à la réflexion (si elle existe) de l’équipe chargée de nommer un film avant de le diffuser en France. Je crois qu’il y aurait matière à se faire plaisir d’assister à ce travail. Il est probable que les méandres de ce choix soient plus obscures que l’énigme proposée par le film !
JANE DOE : Petit aparté sur le nom du personnage central.
Invariable entre les deux titres en anglais retenus de part et d’autre de l’Atlantique, ce qui est la moindre des choses.
Il serait peut être demeuré invariable dans une version française qui n’aurait pas pris la peine de renommer ce simple féminin de John DOE, qui désigne pourtant pour les autorités US une personne non identifiée, comme M. X, Tartampion ou Jean Durand de ce côté-ci de l’Atlantique.
John Doe fut d’ailleurs le titre choisi d’une série US sur un amnésique, diffusée en France …
Sans être inculte, on peut donc passer à côté du sens particulier du patronyme DOE, conservé dans le titre anglais sur l’affiche, et risquer de ne pas le découvrir dans la salle obscure vu qu’on n’aura pas été intrigué par ce nom ! Erreur marketing ?
THE JANE DOE IDENTITY – Subtil oxymore ?
Et voici donc le titre français. THE JANE DOE IDENTITY
Nous venons de rappeler que John DOE (ou Jane Doe ici) désigne Monsieur (Mme) X, en l’absence d’identification.
Et voilà que le titre, facilement traduisible, nous met en balance de l’expression désignant l’absence d’identité, le mot identité.
En français, nous aurions littéralement « L’identité de Mme X ».
Nous aurions donc ce titre maniant le paradoxe ou l’oxymore, l’alliance antithétique, de deux termes qui s’opposent par nature.
Conclusion ouverte.
Alors, qu’en déduire ? Est-ce un fait exprès ? Est-ce un clin d’oeil à quelques initiés, dont la majeure partie des spectateurs n’est peut être pas ? Une fantaisie secrète dans le dos des ados ?
Ou est-ce tout le contraire ? Un subtil pied de nez à nos certitudes, à nos clichés sur l’inculture ordinaire des nouveaux diplômés en commercialisation ?
Voilà un vrai dilemme que je laisse à chacun le soin de résoudre …
(Vous avez 1h39 !)