Mai 1940. Les troupes anglaises défaites attendent désespérément leur évacuation sur la plage de Dunkerque prise sous le feu de l’ennemi.
Christopher Nolan confirme avec Dunkerque qu’il sait soigner ses plans et prouve qu’il est capable, même avec très peu de dialogues, de créer une véritable tension, parvenant en diverses occasions à rendre palpable la peur de ses milliers de soldats bloqués sur une immense plage.
Mais cette mise en scène immersive, qui en impose visuellement, reste froide comme la mort et pose les limites d’un cinéma plus cérébral que viscéral.
Dans sa construction complètement artificielle tout d’abord : les trois points de vue (terre, mer, air) et leurs temporalités différentes n’apportent pas grand-chose à un récit qui aurait pu aisément s’en passer.
Dans sa volonté de ne montrer aucune goutte de sang et de rendre l’ennemi invisible quasiment jusqu’au dernier plan.
Mais surtout dans le manque patent d’émotion qui fait que l’on se moque du sort de chacun des protagonistes.
Beau livre d’image bien documenté, récit d’une débâcle plus que véritable film de guerre, Dunkerque, s’il n’a évidemment rien d’un naufrage, reste hélas, de bout en bout, un objet cinématographique conceptuel qui manque de vie. Étrange lorsque l’on met en scènes des hommes qui n’ont qu’une idée en tête… ne pas mourir.
J’ai beaucoup aimé ce film, plus que Marcorèle, moi qui ne suis pas une fan de films de guerre. je n’ai pas constaté d’absence d’émotion c’est vrai qu’il y a un retrait sur la personnalisation des héros mais c’est pour mieux faire ressortir l’universalité de ces jeunes soldats dans les guerres et leur peur de mourir. j’ai particulièrement apprécié de ne pas voir de scènes gore, qu’un autre réalisateur n’aurait pas manquer de placer, ou de batailles à n’en plus finir ce que je n’aime pas. Les images des plages de Dunkerque sont magnifiques. J’ai été bluffée tant par le message que par la construction très dynamique et originale. Bref c’est un film que je recommande.
« Week-end à Zuydcoote », c’était aut’chose, mon bon monsieur ! 😉
C’est vrai que c’était bien. Et quelle fin. 😉
Snif, la fin… 😥
Je l’ai pas vu mais lu,entendu pas mal de bien. En dvd sans doute.
Tu m’en reparleras, alors. 😉
Je comprends ton avis et sur le moment, je ne savais pas quoi en penser : est-ce une bonne chose que les personnages ne soient finalement que des silhouettes ? Mais après coup, je comprends finalement où ça veut en venir et même s’il y a une absence de violence et de sang (il est clair qu’on est loin d’un film de Mel Gibson), le film m’a vraiment pris aux tripes, j’ai quand même aussi été émue, j’ai aimé ce rapport avec le temps, que ce soit avec le montage ou la musique. Et je ne suis pas une pro-Nolan !
Je n’ai pas du tout senti ce rapport au temps, pour ma part. J’ai eu l’impression que tout se passait en même temps. 😉
Ca se comprend !
Construction artificielle comme toute construction au cinéma ! Mais construction artificielle comme principe même, ou peut-être essence, du cinéma de Nolan. Tu as sûrement raison de pointer là les limites entre cinéma cérébral et plus viscéral ; toutefois si viscéral veut dire aussi ludique ou plutôt spectaculaire, peut-être faut-il rappeler que Nolan n’a rien de commun ici avec le cinéma de Spielberg. En tout cas, pour moi ce cinéma de l’esprit, ce nouveau labyrinthe construit, m’a réellement enthousiasmé !
Il y a des constructions plus réussie que d’autres. 🙂 Ici, le découpage du temps : 1 semaine, 1 jour, 1 heure ne se ressentirait absolument pas dans le film s’il n’était pas spécifié à l’écran. D’où l’emploi du terme artificiel.
Quant à viscéral, je l’entendais plutôt dans le sens qui prend aux tripes. 😉 Ici, le spectacle m’a laissé de marbre.
C’est bien ce que je veux dire. Je ne crois qu’il faille chercher un spectacle avec ce film. En revanche une construction qui nous enferme, nous fait suffoquer (ce que font tous les films de Nolan, non ?) et dont il faut trouver une issue . Je comprends cependant la difficulté que l’on peut éprouver à rentrer dans de tels films, tout immersifs qu’ils se veuillent.
Cela dit « viscéral » n’est pas synonyme de spectacle pour moi. Mais plutôt d’émotions.
Je n’ai pas apprécié les derniers Nolan (Inception, Interstellar) qui embrouillent à loisir le spectateur pour se donner des airs intelligents. Alors que si l’on gratte un peu…
Après, c’est une question de goûts et de ressenti… 😉
Diable ! Encore un que je n’entraînerai pas dans mon labyrinthe nolanien ! 😉
Entièrement d’accord. J’ai beaucoup aimé la première partie, je n’avais jamais vu la peur et la solitude de ces soldats en territoire hostile et inconnu si bien rendue depuis « Le soldat Ryan ». Ensuite, cela se perd vraiment…