Affiche du film Le jardin des Finzi Contini
1938. Pour échapper aux premières lois raciales qui interdisent l’entrée de nombreux établissements aux juifs, des jeunes gens sont invités à jouer au tennis dans le grand parc de la demeure d’une riche famille juive de Ferrare, les Finzi Contini. Parmi eux, Giorgo, fils d’un commerçant juif de la ville, amoureux depuis l’enfance de la fille de leurs hôtes : la belle Micol.
Dernier film marquant de Vittorio De Sica, Le jardin des Finzi Contini sonnait, à l’époque de sa sortie, comme une mise en garde face au retour des pensées extrémistes dans l’Italie de la fin des années 60. En adaptant le roman de Giorgio Bassani, le cinéaste revient sur la montée du fascisme et l’insidieuse progression de ses idées monstrueuses dans l’esprit de la population. Il donne également à son film une dimension mélancolique en se focalisant sur la fausse insouciance d’une jeunesse pleine d’avenir que la guerre va se charger de détruire. Une progression dramatique qu’accompagnent idéalement la musique de Manuel De Sica et la sublime photographie d’Ennio Guarnieri. Des images en parfaite adéquation avec le sujet : d’abord lumineuses et ensoleillées, puis de plus en plus sombres.
Dans le rôle de Micol, Dominique Sanda rayonne – déjà ! – de beauté et d’ambiguïté mêlées. Elle est l’astre autour duquel tournent les trois principaux interprètes masculins du film. Si Helmut Berger et Fabio Testi ne se sortent pas trop mal de rôles vite brossés, Lino Capolicchio compose un Giorgio trop falot pour vraiment émouvoir. Cette ambivalence masculine assez peu développée et un récit qui peine à faire ressentir le passage du temps (l’action se déroule de 1938 à 1943) sont heureusement contrebalancés par quelques moments de grâce, comme la dernière confrontation silencieuse entre Giorgio et Micol.

Photo du film
En filmant la perte des illusions politiques et amoureuses ainsi que les renoncements qu’elle engendre, Vittorio De Sica se fait le chantre amer d’une génération sacrifiée en quête d’un paradis illusoire – représenté ici par le jardin d’Éden des Finzi Contini – sur le point de disparaître sèchement et sans bruit, à l’image de son final glaçant.