Pauline est infirmière à domicile à Hénard, commune du Pas-de-Calais.
Appréciée de tous ses patients, elle vit seule avec ses deux enfants et s’occupe de son père malade. Désireux de profiter de sa popularité, les dirigeants d’un parti d’extrême droite entrent en contact avec elle et lui propose d’être leur candidate aux prochaines municipales.
Cinéaste engagé sans être militant, Lucas Belvaux continue courageusement de labourer le sillon d’un cinéma politique et social, ancré dans le quotidien.
Avec Chez nous, il se penche sur la montée de l’extrême droite et sur ses méthodes de séduction au cœur d’une France exaspérée par la précarité et le chômage. A travers le parcours de son héroïne, il décrit le basculement d’une jeune femme altruiste peu à peu séduite par une rhétorique identitaire à la fibre sociale bien rodée et aux termes choisis : on explique aux militants qu’il est préférable d’utiliser le terme de « racailles » plutôt que celui de « bougnoules » lorsqu’ils s’expriment devant les médias. Un discours insidieux, faussement proche des gens, qui se nourrit des peurs et des frustrations. Des méthodes sectaires, portées par des professionnels de la communication, reposant avant tout sur le mensonge et la dissimulation.
Si la démonstration du cinéaste se perd un peu dans les amours de l’infirmière avec (comme par hasard) un extrémiste au passé trouble, elle n’en reste pas moins efficace quand elle pose clairement les dangers d’un discours haineux servi par des populistes bon teint qui se présentent comme le dernier recours face à un chaos qu’ils organisent.
Un sombre constat – le film débute sur une ville déserte au petit jour et se termine sur cette même ville morte à la tombée de la nuit – qui donne à réfléchir même s’il n’apporte pas de solutions. Glaçant mais nécessaire pour tenter de réveiller les consciences.
Mouais, pas convaincu. Les bonnes intentions ne font pas forcément de bons films et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas vu celui-ci. A la télé, plus tard, pourquoi pas. Quant au réveil des consciences, je n’y crois pas : quel spectateur décide de voir un film en salle pour savoir pour qui voter ou pas ? Ceux qui se déplacent pour aller voir Chez Nous sont des convaincus. La politique est omniprésente dans les médias, du coup lorsque les gens sortent, c’est pour se changer les idées, pas pour s’informer (pour ça il y a la télé). Ca me rappelle La Conquête (2011) de Xavier Duringer : drôle mais un peu vain. Nous avons besoin de films français s’emparant de la politique, encore faut-il un regard de cinéaste comme le cinéma américain peut en proposer régulièrement.
Comment peux-tu juger que ce n’est pas un bon film sans l’avoir vu ? 😉
On peut tenter de réveiller les consciences sans pour autant vouloir donner des conseils de vote. Je pars du principe que le spectateur a aussi envie de s’instruire et pas simplement de se divertir quand il va au cinéma. Quant au travail « d’information » de la télé, il y aurait là aussi pas mal de choses à dire.
Lucas Belvaux pose un vrai regard de cinéaste sur ce sujet et ils sont peu nombreux les réalisateurs qui parlent frontalement de la montée des extrémismes en France. Une initiative à saluer même si elle n’est pas exempte de défauts.
Tu dis qu’il manque des « films français s’emparant de la politique » ? C’est pourtant le cas ici. Mais si l’on décide de ne pas aller les voir, il est certain que le cinéma américain aura, hélas, toujours l’avantage ! 😉
Heu, on se calme un peu.
Je dis juste que ce film ne me fait pas envie. C’est quand même important le désir de se déplacer pour voir un film en salle. ‘Elle’, ‘Billy Lynn’, ‘Jackie’, ‘Loving’… (des films qui font « réfléchir », même ‘Logan’ en fait partie) m’ont donné envie, pas ‘Chez Nous’. L’actualité ciné est très riche, il faut bien faire des choix, c’est ce que je fais. Et pour aider à faire des choix, il y a la presse ciné qui est particulièrement riche en France. Après, je me moque de la nationalité d’une oeuvre : un film me tente ou pas. Mais si on prend la peine de s’intéresser à l’histoire du cinéma, le cinéma américain est moins frileux que le cinéma français pour s’emparer de sujets d’actualité. Hier comme aujourd’hui.
Rires. Mais je suis calme. J’essayais simplement d’argumenter mon point de vue. 😉
Très sympa , ton blog😃
Merci. Le tien également, il donne envie d’aller prendre l’air ! 🙂
Merci et à tres Bientot sur nos blogs respectifs alors😃
Absolument.
Ouah…C’est donc de ça qu’il parle, ça fait dix fois que je croise ses affiches.
Je ne sais pas si je vais y aller…J’ai vu « Un Français » de Diastème à peu près sur le même type de sujet – mais du point de vue d’un militant -, et j’avais trouvé qu’il faisait à peu près son boulot, même si je doute qu’il ait eu un impact. Après, quant à savoir si un film peut « faire réfléchir » ou pas…Je dirais que je crois – peut-être à tort – qu’on arrive mieux à faire réfléchir en partant d’objets qui ne sont pas trop proches du « réel ». Parfois c’est en projetant des problématiques dans des univers fantastiques ou de science-fiction qu’on arrive à la fois à fasciner par une histoire, et à faire réfléchir en filigrane…Mais quand c’est trop « direct », je pense que l’impact est moindre : le spectateur sait un peu trop à quoi s’attendre. Enfin, évidemment, ce n’est qu’un point de vue ^^.
Disons qu’il est plus difficile et radical de se confronter au réel, alors que le fantastique ou la SF – tout en pouvant être dénonciateurs – sont plus ludiques et n’obligent pas le spectateur, s’il n’en a pas le désir, à prendre tout ce qu’il voit pour argent comptant. C’est mon avis, bien entendu. 😉
Et justement : c’est ce qui me semble stratégique ^^. Laisser le choix au spectateur…Pour l’amener à décider – ou non – à réfléchir. Mais à vrai dire, c’est vrai qu’il l’a un peu aussi dans le cas d’un « réaliste » : après tout, rien ne l’oblige à voir le film à la base. Donc là aussi, il a un choix, en quelque sorte.
Tout à fait. 😉
C’est intéressant, ces échanges !
Personnellement, je n’ai toujours pas compris pourquoi il serait délicat de parler de politique alors que les questions de politique concernent par définition tout le monde.
On devrait donc pouvoir en parler tout le temps et avec tout le monde.
Ceux qui croient pouvoir dire qu’ils ne s’intéressent pas à la politique me surprennent toujours, comme s’ils pouvaient se mettre en marge du débat qui les concerne aussi. Peut-être un complexe d’infériorité, comme s’il fallait tout connaître pour parler sous peine d’être dénoncé comme incompétent.
On peut tous parler de politique, et un cinéaste peut s’exprimer à travers un film traitant de politique et chacun peut aller le voir sans avoir à craindre de devoir renoncer à sa liberté de pensée.
Faut-il faire des films politiques ? Y-a-t’il de bonnes et de mauvaises manières de faire des films politiques ? Est-ce utile ? Nous pourrions en discuter, mais l’essentiel est déjà défini à mon avis : La politique et le débat politique nous concerne tous, dans tous les aspects de notre vie sauf intime (Et encore, me direz-vous !). Donc, tant mieux que Lucas Belvaux apporte sa pierre à l’édifice de réflexion, à sa manière, c’est à dire comme cinéaste.
Les phénomène actuels tels que le développement du désintérêt pour la politique ou de l’abaissement du niveau de la réflexion politique, du trouble causé par le développement des réseaux sociaux aussi débridés qu’agressifs, qui s’installent comme concurrents des médias responsables classiques comme source de réflexion, l’épidémie de démagogie à cent balles à coup de petites phrases au lieu de véritables pensées, de la crise de confiance des citoyens dans leurs représentants, … Tout cela mérite qu’on s’y intéresse. Un film n’impose pas une pensée globale à ceux qui le visionnent, il n’est que le discours imagé d’un réalisateur qui a bien le droit de dire ce qu’il pense.
Bien-sûr qu’un film politique peut influencer ceux qui vont le voir, comme un livre, ou une discussion, et c’est tant mieux tant que ce n’est pas un film de propagande destiné à détourner les citoyens du bien commun. Chacun est encore libre de réfléchir par lui-même, de confronter sa pensée à celle des autres !
C’est uniquement lorsque certains veulent faire avaler tout cru un modèle simpliste et clivant à des gens qui ne savent pas penser par eux-même que l’exercice est dangereux !
Quand cela arrive comme c’est le cas lorsque les chemises brunes soit-disant immaculées répètent en boucle des slogans de trois mots à des excités qui rencontrent des problèmes réels dans leur vie quotidienne, cela devient un devoir citoyen de leur répondre, de dénoncer leurs manigances et le mépris dans lequel ils tiennent leurs cibles. Les ouvriers, les agriculteurs n’ont rien a gagner en donnant leur voix à un parti qui n’a même pas réfléchi à des solutions même irréalistes pour améliorer leur sort. Que des discours de haine et d’exclusion pour mettre le feu et récupérer les ruines à vil prix.
Pourtant, il suffit de gratter un peu pour réaliser que ceux qui lèvent le plus haut notre drapeau sont ses pires ennemis, qui ont trahi par le passé, et trahissent encore à tour de bras, leur pays et les pauvres bougres qui galopent pour aller gueuler comme au stade. On sait pourtant où cela mène, la haine, on a déjà fait l’expérience. A-t-on si peu de mémoire ? Les plus modeste ont-il si peu de mémoire de leur douleur qu’ils sont prêts à redonner leur voix si chèrement acquises à leur pire ennemi ?
Que Lucas Belvaux explique dans « CHEZ NOUS », quelques grosses ficelles qu’utilise pour manipuler les gens le parti le plus démagogique et irresponsable est une excellente chose.
Et oui, nous savons bien que ceux qui iront voir le film sont généralement ceux qui savent déjà, et qu’au contraire les brebis égarées de la République iront pendant ce temps bêler au meeting de je ne sais quel milicien en herbe. Ca leur fait du bien, croient-ils ? Qu’ils cherchent donc un seul exemple dans l’histoire où les extrémistes auraient fait du bien à leur peuple ! Bon courage ! Qu’au moins, cette recherche leur donne l’occasion de voir du pays, au lieu de rester enfermés dans une vision étriquée et par trop simpliste d’une réalité qui pour être complexe, n’en est pas moins passionnante et mérite notre attention et nos efforts. Réfléchir sérieusement à la chose politique une fois tous les cinq ans, ce n’est pas trop demander comme prix de la démocratie plutôt que la dictature, tout de même !
Chacun connaît cette boutade d’Arthur Koestler – « La démocratie est chose trop sérieuse pour être confiée aux électeurs. ».Moi, je tiens à ce qu’on prenne le risque de la démocratie, mais je ne veux pas que les démocrates s’endorment sur leurs lauriers démocratiques qui seraient un acquis éternel. L’ennemi fasciste se réveille et rode à chaque fois que la misère et l’ignorance se répandent, comme la moisissure pousse sur les corps affaiblis, et ses chefs sont extrêmement avides de sang et de richesses. Il n’est pas question de dormir, en démocratie. Il faut toujours rester aux aguets dans notre pays, et entretenir la flamme et l’espoir d’un monde meilleur pour tous en nous gardant de tomber dans les bras des parasites des extrêmes qui ont toujours fini par devenir nos bourreaux.
CHEZ NOUS nous donne l’occasion de parler de politique. C’est un sport de gentlemen, alors gardons nous d’y admettre trop largement des monstres, même des monstres qui se feraient la voix douce pour nous embobiner.
Merci pour ta participation. 🙂