Affiche du film Chez nous
Pauline est infirmière à domicile à Hénard, commune du Pas-de-Calais.
Appréciée de tous ses patients, elle vit seule avec ses deux enfants et s’occupe de son père malade. Désireux de profiter de sa popularité, les dirigeants d’un parti d’extrême droite entrent en contact avec elle et lui propose d’être leur candidate aux prochaines municipales.
Cinéaste engagé sans être militant, Lucas Belvaux continue courageusement de labourer le sillon d’un cinéma politique et social, ancré dans le quotidien.
Avec Chez nous, il se penche sur la montée de l’extrême droite et sur ses méthodes de séduction au cœur d’une France exaspérée par la précarité et le chômage. A travers le parcours de son héroïne, il décrit le basculement d’une jeune femme altruiste peu à peu séduite par une rhétorique identitaire à la fibre sociale bien rodée et aux termes choisis : on explique aux militants qu’il est préférable d’utiliser le terme de « racailles » plutôt que celui de « bougnoules » lorsqu’ils s’expriment devant les médias. Un discours insidieux, faussement proche des gens, qui se nourrit des peurs et des frustrations. Des méthodes sectaires, portées par des professionnels de la communication, reposant avant tout sur le mensonge et la dissimulation.
Si la démonstration du cinéaste se perd un peu dans les amours de l’infirmière avec (comme par hasard) un extrémiste au passé trouble, elle n’en reste pas moins efficace quand elle pose clairement les dangers d’un discours haineux servi par des populistes bon teint qui se présentent comme le dernier recours face à un chaos qu’ils organisent.
Un sombre constat – le film débute sur une ville déserte au petit jour et se termine sur cette même ville morte à la tombée de la nuit – qui donne à réfléchir même s’il n’apporte pas de solutions. Glaçant mais nécessaire pour tenter de réveiller les consciences.