Affiche du film Les huit salopards

Pour échapper au blizzard, un chasseur de primes et sa prisonnière trouvent refuge dans un relais de diligences en compagnie de cinq autres voyageurs. Amis ou ennemis ?
Car cela fait, tout de même, beaucoup de monde au même endroit au même moment.

Affiche américaine du film Les huit salopards

Huit salopards pour le huitième Tarantino qui, comme le numéro de son film, semble désormais tourner sur lui-même… à l’infini.
Transformer un genre plutôt porté vers les grands espaces en un huis clos tendu était plutôt une bonne trouvaille. Mais cette idée, le cinéaste ne la transcende jamais, préférant cantonner son western à un spectacle de (grand) Guignol verbeux et creux. Retirez les interminables dialogues – ou carrément certains chapitres – et il ne reste guère plus d’une heure d’intrigue sur les 2h48 que dure le film.
Les acteurs plutôt convaincants (notamment l’étonnant numéro de Jennifer Jason Leigh qui tient la dragée haute à ses partenaires masculins) en sont réduits à caricaturer les pantins qu’ils interprètent pour tenter de leur donner un peu d’épaisseur. Peine perdue, même avec des accents à couper au couteau et en abusant de la caféine, Les huit salopards s’embourbent dans un exercice de style autosatisfait, gore et théâtral. Les chiottes ont beau être plantées à l’écart, entre l’écurie et le relais de diligences, Tarantino se réjouit d’aller vider ses tripes entre le bar et le feu de cheminée de l’auberge de Minnie.
Plus qu’à The Thing de Carpenter (dont le film reprend l’acteur principal, Kurt Russell, et un groupe d’hommes isolé au milieu d’une tempête de neige) c’est à une enquête d’Agatha Christie au Far West que le dernier film de Tarantino fait penser, avec Samuel L. Jackson dans le rôle de l’Hercule Poirot de service. Sauf que la romancière anglaise avait un sens de la chute et du rebondissement que ne possède pas ici le réalisateur de Django Unchained, qui nous fait poireauter des plombes avant de dégainer son secret de Polichinelle.
Nul doute que tourné par un inconnu, ce long carnage aurait été flingué par le public et la critique. Mais, plus que son talent d’écriture, Quentin Tarantino a surtout l’art de jeter de la poudre aux yeux. Espérons que pour son neuvième film, il réalise enfin quelque chose de neuf !