La seconde guerre mondiale vient de se terminer.
Un gang de cinq hommes profite de la désorganisation de la police pour multiplier les casses à bord de Tractions Avant.
Inspiré des méfaits du gang des Tractions Avant, le film de Jacques Deray avait matière à un intéressant état des lieux de la France d’après-guerre, voir à un bon film de gangsters. Mais le retour des déportés, la collaboration ou les rafles d’immigrés sont à peine évoqués tandis que les motivations des membres du gang sont traitées de manières bien trop superficielles. Dans ces conditions, difficile de s’attacher au destin des personnages, d’autant que le réalisateur prend le risque de débuter son film par un flash back. Le final éventé dès les premières minutes du récit, Le Gang ne tient plus que sur l’omniprésence d’Alain Delon qui passe son temps à cabotiner, avec son improbable coiffure à bouclettes, entre scènes d’action mollassonnes et saynètes campagnardes sans grand intérêt : d’une partie de pétanque où il en fait des tonnes à un baptême où il fredonne à un prêtre la chanson du curé de Camaret en passant par un jeu de lance bâton avec un chien dans lequel il frise sans crainte le ridicule, vêtu d’un calbute blanc et de bottes en caoutchouc vert…
Et ne comptez pas sur Nicole Calfan pour apporter un peu de romantisme à cette chronique dans le milieu du banditisme. Perdue dans ce monde d’hommes, la comédienne se prend des tapes sur les fesses et semble posée là pour mettre en valeur son voyou frisotté au regard bleu azur et au sourire carnassier.
Pour elle, comme pour le spectateur, ce gang, bien loin de faire bang, a tout du pétard mouillé.
Et oui, LE GANG est un navet !
Un polar navet de Jacques DERAY !
Et pourquoi il n’aurait pas le droit de faire aussi des navets, Jacques DERAY ?
C’est sans doute reposant de faire un navet, et ça nourrit ! Entre Flic story et Un papillon sur l’épaule, il y a trois ans ; alors, faut bien crouter ! Tu fais un broaching à Delon et tu lui fait dire des blagues à deux balles avec quatre autres rigolards et le tour est joué ! Pas besoin de se fouler !
En vérité fait, c’est Delon lui-même qui a imposé cette fantaisie de chausser une perruque pour ressembler à Pierrot le fou (… le bandit qui inspira le commissaire Borniche pour son roman qui servait de scénario …On vous le dit Delon est un exégète lettré, Mais si, sans déconner !), mais le résultat est le même : Il ne se prend pas au sérieux, il joue en dessous de son niveau, et tout le monde suit dans une joyeuse décontraction qui met le spectateur à l’écart et devant une évidence : il regarde un navet rigolo de Jacques DERAY …
Comme quoi, il faut se méfier même des grandes marques…
Le bébé du baptême, c’est Éric Danan. Sa mère était figurante dans le film.