Un jeune homme débarque à Buenos Aires pour y retrouver son grand frère dont il est sans nouvelle depuis dix ans. Leur retrouvaille va raviver de vieilles blessures familiales et un lourd secret.
Avec son noir et blanc sublime et ses plans composés comme autant de tableaux, sa mise en scène élaborée et ses quelques séquences colorées mêlant flash-back et rêveries dansées (bel hommage au Michael Powell des Chaussons rouges et des Contes d’Hoffmann), Francis Ford Coppola renoue avec la veine intimiste de Rusty James dont il retrouve ici la beauté formelle ainsi qu’un sujet similaire : la fascination d’un frère pour son aîné. Le réalisateur de Coup de cœur en profite également pour revenir sur un autre de ses thèmes de prédilection : la famille lieu de toutes les rivalités et de toutes les trahisons.
Hélas, après une première partie intrigante mêlant folie, secrets de famille et affres de la création, Tetro s’enlise dans sa splendeur visuelle et gâche la fin de son récit par une désinvolture qui atteint des sommets de ridicule lors de l’improbable festival de théâtre en Patagonie.
Une superficialité assumée mais qui nuit au drame censé se jouer. Aussi, lorsque la révélation finale arrive, elle peine franchement à émouvoir d’autant que le secret qui lie Tetro, son père et son petit frère se devine aisément à mi-parcours et tient plus du secret de Polichinelle que de l’insoupçonnable surprise.
Les deux acteurs principaux ont aussi leur part dans le rendu bancal du film, le réalisateur devant sans cesse naviguer entre les excès de Vincent Gallo et la fadeur poupine d’Alden Ehenreich, sorte de jeune clone de Leonardo DiCaprio.
Seule Maribel Verdú, touchante et juste dans le rôle de la compagne de Tetro, impressionne et est à la hauteur de l’écrin composé par Coppola. Dommage que la perle créée pour l’occasion manque de maturité et que le cinéaste, comme son héros/alter ego, n’ait pas réussi à la peaufiner jusqu’au bout afin d’en faire une pièce majeure dans sa très riche filmographie.
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