Affiche du film : Blanche-Neige et le Chasseur
Il était une fois un jeune publicitaire qui désirait faire ses preuves au cinéma.
Armé de son courage et de ses films promotionnels pour jeux vidéo, il s’en alla trouver les studios Universal qui lui tendirent leur plus beau miroir aux alouettes.
« Miroir, mon beau miroir ! Faites que je sois le nouveau Ridley Scott ou le futur Peter Jackson, au pire l’équivalent d’Andrew Adamson ».
En entendant cette prière, le producteur d’Alice au pays des merveilles – qui cherchait comment surfer à nouveau sur le retour en grâce des contes au cinéma – lui demanda de dépoussiérer Blanche-Neige et de donner un peu plus de noirceur à son teint pâle. Bref, d’en faire une adolescente rebelle qui ne se dit plus que son « prince viendra » mais préfère aller le chercher, une épée à la main.
Facile dut se dire l’apprenti cinéaste. Pour ratisser le plus large public, il n’y qu’à appliquer les formules marketing qui ont fait leur preuve : prendre Kristen Stewart, la coqueluche des ados, en fin de Twilight et l’opposer à Charlize Theron, l’égérie de leurs parents, en fin de Dior j’adore. Sans oublier le musculeux Chris Hemsworth visiblement en manque de Thorgnoles.
Fort d’un goût certain, sans doute forgé au contact du yaourt et de la lessive, Sieur Sanders remplit la première partie de son film de paysages enneigés histoire de nous donner notre lot de sensations pures. Puis nous entraîne, à la suite de son héroïne, dans une forêt aussi crade et noire que les cuisines des publicités avant le passage de Mr Propre. Pour terminer dans une contrée aussi verdoyante que celle que traversaient autrefois nos eaux minérales avant que les volcans se taisent.
Quant à l’intrigue… Elle se contente de recycler divers éléments du conte de Grimm au milieu d’une compilation de scènes piquées chez les cinéastes cités plus haut : de La communauté de l’anneau (ses nains, son troll) au monde kitsch de Narnia (un cerf blanc remplaçant le lion) en faisant un petit détour par la chevauchée sur la plage de Robin des Bois.
Au final, Blanche-Neige et le Chasseur a tout du produit impersonnel, vite vu et vite oublié.
Reste à souhaiter que Rupert Sanders ne poursuive pas plus longtemps sa carrière de cinéaste et n’ai pas l’intention d’avoir d’autres petits rejetons avec Hollywood, parce qu’avec sa caméra qui s’agite au moindre combat, son humour qui merde (« Il faut que j’aille poser une bûche ! » annonce un des nains à ses compagnons) et son miroir qui déclare, sans rire, à la sublime Charlize Theron que Kristen Stewart, ses lèvres boudeuses et ses incisives à décapsuler les canettes valent mieux que son joli minois… il y a vraiment quelque chose de déglingué au pays des contes de fées.