Tout oppose Benoît (qui s’est rebaptisé NOT) à son frère Jean-Pierre.
Le premier fait la manche et est le plus vieux punk à chien d’Europe tandis que l’autre est vendeur de literie dans une grande zone commerciale.
Mais lorsque Jean-Pierre perd son emploi, leurs différents finissent par s’estomper. Les deux frères décident alors de s’unir dans l’hypothétique espoir d’un Grand Soir.
Après la réussite qu’était Mammuth, c’est peu de dire que le nouveau film du tandem Kervern et Delépine était attendu avec impatience. Que les inconditionnels de leur humour absurde et décalé se rassurent Le Grand Soir conserve la même verve sociale ainsi que la même radicalité au niveau de la mise en scène. Une mise en scène à l’encontre des modes qui préfère l’agitation dans un plan fixe plutôt que le vide dans une image qui s’agite.
Plus qu’un appel révolutionnaire à la Louise-Michel, Le Grand Soir se penche sur la difficulté des gens à se faire entendre et à communiquer les uns avec les autres : dans la société en général (voir l’hilarante scène où un vigile – joué par l’excellent Bouli Lanners – parle pour ne rien dire avec le père des deux héros) et dans la famille en particulier. Le premier plan du film, qui met en scène un époustouflant dialogue de sourd entre les deux frères et leur père, résume d’ailleurs parfaitement cette idée.
Chacun vit dans sa petite bulle, en se contentant d’un bonheur factice, guidé par les enseignes des grandes marques et des supermarchés.
Pas dupes, les deux cinéastes montrent aussi que tenter de vivre en dehors du système, comme le fait NOT, n’apporte pas non plus le bonheur. Le cri de révolte que pousse le punk fatigué au micro de la grande surface est à ce titre un émouvant constat d’échec. De même que la visite de Jean-Pierre à son ex femme et à sa petite fille laisse un goût amer.
L’onirisme et la nostalgie de Mammuth ont laissé place à une satire teintée de tristesse et de désillusion à laquelle Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel donnent énergie et ambigüité. Pour leur premier grand rôle chez Kervern et Delépine (après une série d’apparitions ou de personnages secondaires), les deux comédiens – que personne n’avait jusqu’à présent pensé à réunir dans un même film – font des étincelles.
Pourtant, malgré l’inventivité de la mise en scène et l’évidente qualité de l’ensemble de la distribution, Le Grand Soir n’est pas dénué de quelques baisses de régime dans sa dernière partie et semble moins abouti que les précédents films du tandem. La faute a un scénario sans réel enjeu dramatique qui ne débouche sur rien et laisse le spectateur sur sa faim.
Sans doute le prix à payer pour ne pas avoir un film « aux normes » et rendre compte, au mieux, du bonheur insatisfait que procure notre société de con…sommation.
« Une mise en scène à l’encontre des modes qui préfère l’agitation dans un plan fixe plutôt que le vide dans une image qui s’agite »… Mais comment fait Marcorèle pour réussir à nous expliquer ce qu’on ressent sans bien comprendre ?
Et puis j’aime beaucoup l’unique réserve de notre critique préféré : « …un scénario sans réel enjeu dramatique qui ne débouche sur rien et laisse le spectateur sur sa faim ». Parce que justement, moi, j’adore rester sur ma faim, pour sortir en appétit d’un bon film, sans qu’on me ferme l’histoire et qu’il n’y ait plus rien à dire, à discuter ou à penser… A bas les fin de films ! Vive les films sans fin !
Enfin, Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel ensemble, c’était vendu d’avance ! Oui, on ira donc voir Le grand soir !
d’accord avec Poulain, le meilleur film anti-système du duo Delepine-Kervern
de la bombe atomique , dream team a l’action
GG
Le tandem est parfait, en effet.