Avec seulement quatre films à son actif, James Gray est certainement l’un des meilleurs réalisateurs américains actuel. Mais, contre toute attente, ce n’est pas dans le polar, où il a fait ses armes, que l’auteur de La nuit nous appartient réussi son coup d’éclat mais dans le mélodrame. Et quel mélodrame !
Léonard, jeune homme suicidaire hanté par un amour de jeunesse, mène une vie morne entre le domicile de ses parents et la teinturerie familiale. Jusqu’au jour où, en quelques heures, deux amours vont s’offrir à lui. Entre un amour sage et une passion dévorante, que va-t-il choisir ? Ambivalence affective, peur de choisir, de s’engager, de décevoir… C’est tout ce lent processus menant à la maturité que James Gray explore et qu’il parvient à magnifier grâce à sa mise en scène. Jouant pour cela des thèmes et des codes qui lui sont chers et qu’il maîtrise comme personne.
La famille, thème récurrent à tous ses films, est présentée une fois de plus comme une entité à la fois aimante et oppressante. Tandis que la peur, chevillée au corps de la plupart de ses héros, se dévoile cette fois de manière inédite. Ici, nul meurtre ou guerre de gangs pour justifier ce sentiment. Juste les affres de l’état amoureux que le réalisateur décline par petites touches sensibles : un texto qui tarde à venir, une fenêtre désespérément éteinte, une déclaration d’amour silencieuse effleurée dans le creux d’un bras.
La peur d’aimer et de ne pas être aimé en retour… Cet enjeu, James Gray le met aussi en scène par un habile jeu de regards. Un regard, souvent étouffant, que l’on porte sur soi mais aussi sur les autres. Ainsi, Léonard est surveillé par sa mère, à quatre pattes devant la porte de sa chambre, pendant que celui-ci, photographe amateur, épie depuis sa fenêtre la troublante voisine habitant de l’autre côté de la cour. (Clin d’œil assumé, et amusé, au Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock).
Au cœur de ce chassé-croisé amoureux, Joaquin Phoenix et Gwyneth Paltrow trouvent certainement là leur meilleur rôle et Vinessa Shaw emporte l’adhésion par son charme naturel et la justesse de son jeu.
Captivant et bouleversant, Two Lovers renvoie chacun d’entre nous à ses propres espoirs amoureux et touche finalement à l’essentiel.
J’avais adoré ce film et j’aimerais beaucoup le revoir. Les personnages étaient particulièrement humains et touchants.
Je suis entièrement d’accord. Un beau moment de cinéma. 🙂