
Un milliardaire fait le pari de survivre sans un sou, pendant un mois, dans le quartier le plus pauvre de Los Angeles qu’il compte ensuite raser pour y construire un projet immobilier de luxe.
Parenthèse bienvenue au milieu d’une suite de films parodiques (La folle histoire du monde et La folle histoire de l’espace), Mel Brooks livre sans doute avec Chienne de vie son film le plus personnel. Un film, hélas, toujours d’actualité puisqu’il prend la défense des pauvres gens et des sans-abri soumis aux spéculations immobilières de quelques magnats cyniques avides de pouvoir et d’argent.
Dès la première scène du film, on reconnaît le génie comique et la mise en scène inventive de Mel Brooks qui suit le parcours de chaussures de luxe bien cirées dans les couloirs d’une firme multinationale. Une introduction rythmée qui lui permet sans dialogue superflu de faire comprendre, tout à la fois, la suprématie et la suffisance de son milliardaire. Un ballet intelligemment contrebalancé, en fin de film, par un cortège de va-nu-pieds.
Jamais donneur de leçons, le cinéaste dénonce pourtant avec acuité, grâce à un humour grinçant, les dérives d’une société faite pour les plus riches, l’inexorable gentrification des villes et un système de santé incapable de prendre en charge les plus démunis dont certains sombrent dans la folie. Il règle aussi, au passage, quelques comptes avec la confrérie des avocats, tous cupides et véreux.
Face à ce sombre tableau, Mel Brooks met en avant la solidarité de ces laissés-pour-compte du « rêve américain » et se prend à rêver d’une revanche, aussi utopique soit-elle. Voyant de la beauté même dans la misère, il pose un regard plein de tendresse sur ses nombreux figurants vivant dans la rue et orchestre avec Lesley Ann Warren un joli pas de deux, en forme de comédie musicale, dans un vieil entrepôt rempli de tissus.
Avec sa dinguerie où affleure en permanence l’émotion, Chienne de vie reprend brillamment à son compte la célèbre phrase du Barbier de Séville de Beaumarchais : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer.
Je ne connais pas du tout ce Mel Brooks. A découvrir donc, mais où ?
Découvert à sa sortie au cinéma, je l’ai acheté, il y a quelques années, en DVD. Mais est-il toujours disponible ? (Après vérification, on le trouve mais a des prix exorbitants…)