Mexique, 1910. Alors que la révolution bat son plein, El Chuncho, moitié bandit moitié guérillero, s’est spécialisé dans les attaques de train. Il vole des armes et les revend à un révolutionnaire, le général Elias, contre de fortes sommes d’argent. Au cours d’un de ces assauts, Chuncho est aidé par un jeune dandy américain se trouvant à bord du train. « El Niño » rejoint la troupe des guérilleros et gagne rapidement la confiance de leur chef. Mais les motivations du yankee restent troubles…

Avec El Chuncho, Damiano Damiani allait lancer un courant bien particulier du western italien : le western zapata, ou film d’aventure à connotation politique centré sur la révolution mexicaine. Un sous-genre qui allait faire de nombreux émules dont Sergio Leone et son fameux Il était une fois la révolution (1972). Annonciateur des polars citoyens du cinéaste dénonçant la corruption des politiques et la main mise de la Mafia sur la société italienne, El Chuncho, derrière son côté spectaculaire et tapageur, peut également s’appréhender comme une œuvre politique. Dévoilant, non sans désillusion, la face sombre des luttes sociales, il dénonce également l’ingérence de l’impérialisme américain toujours âpre au gain, représenté ici par le personnage d’El Niño.
Dès la première séquence qui montre quatre hommes sur le point d’être fusillé, Damiano Damiani place son film sous le signe de la mort. Une mort imprévisible qui n’épargne personne et que le cinéaste présente comme si elle n’avait plus d’importance, à l’image de ce plan fugace dévoilant le corps d’un propriétaire terrien abandonné dans une rue après une exécution que l’on imagine sommaire.
El Chuncho doit aussi beaucoup à son anti-héros picaresque magistralement interprété par Gian Maria Volonté. L’acteur sort enfin de ses rôles de méchants auxquels on l’avait cantonné dans d’autres westerns et déploie ici une large palette de jeux, faisant lentement passer son truculent personnage de l’insouciance à la prise de conscience. Une prise de conscience qui culmine dans une surprenante scène finale face à El Niño, sobrement interprété par Lou Castel, qui marque définitivement les esprits par sa radicalité.
Pour un coup d’essai, El Chuncho est un coup de maître qui inscrit immédiatement le film au panthéon des grands westerns italiens, tout en propulsant Damiano Damiani comme un réalisateur avec qui il faudra compter. Épatant !