
Sur le tournage de Change pas de main de Paul Vecchiali, Jean-François Davy s’intéresse à l’actrice de films pornographiques Claudine Beccarie. Fasciné par la jeune femme, qui n’a pas la langue dans sa poche, il se lance avec elle dans une série d’entretiens – sur sa vie et sur son métier – entrecoupés de nombreuses scènes de sexe non simulées.
Si un documentaire peut s’enorgueillir d’un étonnant destin, c’est bien l’Exhibition de Jean-François Davy qui, profitant de la fin de la censure réclamée par le nouveau président Valéry Giscard d’Estaing, va dépasser les trois millions d’entrées en France l’été 1975.
Il sera aussi, quelques mois plus tard, le premier film classé X de l’histoire du cinéma français et, après avoir été réhabilité en 1982, le premier film pornographique diffusé sur Canal+ dans la fameuse case horaire du premier samedi du mois.
Prenant l’apparence d’une sorte de cinéma-vérité, Exhibition suit l’une des premières stars française du X des plateaux de tournage à son petit studio, en passant par la maison familiale de l’actrice ou la caisse d’un cinéma pornographique où elle questionne quelques spectateurs.

Il faut dire qu’elle est fascinante, Claudine, avec sa gouaille et son franc-parler. Prête au grand déballage, elle se livre totalement devant la caméra de Jean-François Davy même si son discours sur la profession d’actrice pornographique laisse peu à peu entrevoir qu’elle n’est pas vraiment en phase avec son métier. Derrière la gaieté du personnage et les parties de fesses en l’air – hypocritement très mal dissimulées derrière de jolies compositions florales placées en premier plan – se dessine lentement les fêlures d’une femme blessée. En résulte un portrait passionnant mais profondément triste où le cinéaste pousse son interlocutrice à se mettre à nu par les mots (lui faisant révéler des épisodes traumatiques de son passé) tout en noyant son témoignage au milieu de nombreuses séquences pornographiques qu’il prend visiblement plaisir à tourner. Des scènes de cul qui peinent paradoxalement à exciter, à l’image de ce jeune hardeur en pleine débandade devant les propos castrateurs de sa partenaire qui lui reproche de ne pas savoir « faire minette »* et d’avoir le zizi flasque. Ou de cet autre, un peu plus membré, auquel Claudine balance en pleine masturbation réciproque : « J’ai pas plus envie de lui que de la porte d’à côté. » avant de mettre fin à leur partie de touche pipi par un : « C’est catastrophique… C’est problématique ! Il est plein de sueur. J’ai horreur de ça ! »

Que dire aussi de l’inébranlable Patrick (comédien complètement bourré d’une trentaine d’années aux longs cheveux bouclés) qui semble s’emmerder ferme au milieu d’une partouze orchestrée par Claudine à laquelle il assène, entre pipes et léchages : « Tu serais une mère maquerelle parfaite. »
Quant à la longue scène de masturbation féminine, qui fit la renommée du film, elle fait aujourd’hui peine à voir tant elle semble simulée, ce que laisse d’ailleurs entendre Claudine Beccarie une fois l’affaire faite.
Film qui cherchait aussi à rincer l’œil de son public tout en se donnant des airs respectables, Exhibition n’en reste pas moins un étonnant documentaire ainsi qu’un témoignage de première bourre sur les coulisses du cinéma pornographique des années 70. Si vous voulez tout savoir : « Ça se passe ici ! » comme le dit si bien Claudine à l’un de ses partenaires.
*Faire minette : faire un cunnilingus.
Je n’avais jamais entendu parler de ce film qui semble avoir pourtant « ému » beaucoup de monde dans les années 70. Une curiosité apparemment, à la marge des canons du genre. Je suis curieux de voir cela.
Un gros succès en salles. 🙂 En ce moment, j’explore le cinéma érotique des années 70. Vaste sujet. 😉
Documentaire découvert il y a plusieurs années dans un coffret 7 dvd consacré à JF Davy. Comme toute autre forme de cinéma, le porno a des choses à raconter (on trouve pas mal de documentaires ou livres sur le sujet). Et les coulisses sont souvent plus intéressantes que ce qui se déroule à l’écran.
J’ai également cet excellent coffret. 😉
Je vais me mettre en quête de ce coffret 🧐
Il est épuisé, je crois. Peut-être en occasion…
Peut-être. Je poursuis la fouille.
🙏
À défaut de bande originale, c’est la débandade générale ?
Je voulais dire « bande annonce ». 😉
Pas de bande annonce disponible de ce film, sauf sur des sites X.