
A Barbie Land, Barbie sophistiquée se retrouve avec les pieds plats, un début de cellulite et des pensées morbides. Pour rester « parfaite » et continuer à voir la vie en rose, elle décide de se rendre dans le monde réel, accompagné de Ken, afin de retrouver celle qui est responsable de son état.
Là-bas, ils vont découvrir que le monde est dirigé par des hommes et que les adolescentes prennent la blonde parfaite pour une fasciste. À moins qu’elles ne la confondent avec Klaus Barbie ? C’est qu’elles ne sont pas très futes-futes en Histoire les adolescentes étasuniennes.
Excès de paillettes dans les yeux ou de Barbieturique ? Comment ce film a-t-il pu aveugler une partie de son public et ôter tout sens critique à certains journalistes, séduits par quelques références cinéphiles (2023, l’odyssée de la fin de l’espèce) ?
Barbie film féministe ? On aura vraiment tout lu.
C’est plutôt à du Féminisme pour Les Nuls auquel nous sommes conviés, car ce n’est pas parce que l’on montre un état de fait qu’on le dénonce forcément. Il est même étonnant de présenter des personnages féminins aussi plats et sans intérêt, tandis que les gags et les moments les plus drôles viennent essentiellement des scènes avec Ken qui a la part belle d’un scénario plus que superficiel. Un comble !
Bref, le féminisme se résume, ici, à l’idée que vous aussi, mesdames, vous pouvez être pompières, militaires ou présidentes… parce qu’il ne faudrait pas fâcher les masculinistes, non plus.
Finalement, être une vraie femme c’est surtout revendiquer le droit de porter des chaussures moches, ce qui permet, au passage, au consortium Warner / Mattel de proposer un nouveau produit à destination des enfants : la Barbie Bobo et ses Barbirkenstock.
Ne nous y trompons pas, derrière ses « grandes » valeurs et son émotion aussi factice que ses personnages, Barbie fait surtout de la retape pour Mattel et ses produits. Consommez moins et plus intelligemment mais n’oubliez pas, quand même, d’acheter nos produits. Tel semble être le discours sous-jacent qui critique le marketing et la société de consommation tout en faisant l’article pour les anciens modèles collector de la firme. Quant à l’évasion fiscale, ce n’est pas si grave si on en rigole. Et apparemment, chez Mattel, on sait bien en rire.
Dans ce film en toc, seuls les acteurs arrivent à tirer leur épingle de la boîte de jeu grâce à leur sens de l’auto-dérision. Margot Robbie a vraiment la plastique de l’emploi et Ryan Gosling, qui passe sans blêmir de La La Land à Barbie Land, est aussi lisse qu’attendu.
Vu le succès du film, nul doute qu’une suite soit déjà sur la chaîne de montage, pour celles et ceux qui désireraient se faire Ken une nouvelle fois.
Le rose n’étant pas ma couleur préférée, je n’ai pas fait partie de la foule qui s’est engouffrée dans les salles obscures. Et ton avis me conforte à l’idée que ce film risque de me faire un peu mal aux yeux…
Et bravo pour ta formule : « Barbie Bobo et ses Barbirkenstock »😂
Ariane
Bienvenue ici, Ariane. Merci pour ton commentaire. J’espère te revoir ici très prochainement. 😉
Je n’y manquerai pas ☺️
Je privilégie de te répondre ici maintenant 😉
Du féminisme en plastoc comme tu l’as très bien écrit, et c’est bien triste pour Greta Gerwig qui entendait donner une touche arty à son film. Finalement, ça ressemble à du Wes Anderson en solde qui finit par tirer contre son camp. En attendant, Mattel marque des points et compte bien relancer le marché des poupées à mettre sous le sapin.
La réalisatrice fait plutôt dans l’Arty Show… 😉
Je souscris pleinement !
Un film en plastoc, du marketing pour du plastoc !
Tout cela porté par un soi-disant débat sur le féminisme énigmatique d’une bimbo qu’on est sensés trouver spirituelle dès qu’elle fait autre chose qu’être totalement écervelée. Le tout sous le regard bienveillant d’un Ken qui tire mieux son épingle du jeu que celle qui en fait des caisses et des containers …
Faut pas non plus nous prendre pour des lapins de trois semaines ou des cochons roses ! On aura compris que le produit dérivé, c’est le film, sauf pour ceux qui ne connaissaient pas encore la poupée mannequin aux jambes interminables et la poitrine obusienne.
Sans compter que c’est bien la première fois qu’on voit une Barbie rester habillée au lieu de la voir changer de tenue à longueur de temps devant tout le monde.
On m’aurait caché que le puritanisme serait devenu l’allié des femmes ?