
Dans les années 20, deux athlètes britanniques, spécialistes de la course à pied, se préparent pour les jeux olympiques de Paris de 1924. Concurrents mais se vouant une admiration mutuelle, l’un doit faire face à l’antisémitisme tandis que l’autre doit composer avec sa fervente pratique du presbytérianisme.
Succès public et critique dans les pays anglo-saxons, le film de Hugh Hudson a-t-il bien vieilli ?
Revoir aujourd’hui Les chariots de feu, c’est imaginer un fan de James Ivory, et de ses ambiances compassées, travailler avec un monteur narcoleptique allergique aux ouins-ouins électroniques de Vangelis qui accompagnent chaque compétition.
Résultat : le pauvre monteur s’endort sur la manette « Ralenti » à chaque fois que le coup d’envoi d’une course est donné. Le spectateur doit alors se farcir de longs plans de coureurs qui grimacent – et ouvrent grand la bouche pour respirer – tout en se traînant à la vitesse d’escargots sous tranquillisant. Un surplace caractérisé qui se voudrait lyrique mais qui empêche surtout de trouver dans ces courses le dynamisme qui manque à la mise en scène.
L’intrigue, qui met en parallèle le parcours des deux athlètes, peine également à passionner par sa narration complexe (qui multiplie les personnages sans jamais vraiment parvenir à les caractériser, en dépit de sa durée) et par sa singulière propension à développer les thèmes religieux autour des deux sportifs. Une association pas dénuée de sens puisque ces deux sujets ont plutôt tendance à rendre les gens très cons, mais qui va trop loin ici. Surtout pour les amateurs de sports qui risquent de manger leur short devant ces molles performances esthétisantes. Elles semblent, en effet, moins intéresser le cinéaste que les scènes de vestiaires entre hommes dignes de publicités pour du gel douche.
Ajoutez à cela une exceptionnelle brochette d’acteurs peu charismatiques et vous obtenez une œuvre bien tiède qui ne convaincra que les inconditionnels des traditions britanniques, les amateurs de pensums ampoulés et les fans de la célèbre musique de Vangelis qui semble aujourd’hui totalement anachronique.
Vous avez dit Les chariots de feu… de paille ?
Et oui, tu as raison, c’est à des signes de ce type que l’on mesure l’accélération des choses dans le cinéma : plus de vitesse, plus d’effets, plus de tout… Je comprends parfaitement ta critique pertinente et je me demande si je vais oser revoir les films d’Ivory ! Merci à toi
Bonne journée à toi aussi. Et merci pour ton commentaire. 😀
Aucun respect pour rien, décidément !
Peut-être, mais toujours avec style. 😉
Et bien, j’aime beaucoup ce film, à tous points de vue, et aussi pour la musique. Je le revois toujours avec le même plaisir et le scénario m’apparait toujours aussi bon. Les questions religieuses, même si je suis radicalement athée, sont un reflet de fois différentes et mises à mal par l’organisation d’une compétition laïque et l’intégrisme est plutôt subtilement critiqué. Le monde étudiant privilégié élitiste anglais est aussi dénoncé dans ses perversités ordinaires, comme dans d’autres films, traduisant le traumatisme qu’il produit sur les jeunes hommes.
Vous traduisez mon ressenti. Totalement original ds la forme et le fonds et à l’époque aucun des effets spéciaux ridicules et enfantins sont insérés.
La lenteur manque singulièrement dans notre société actuelle, autant sans doute que la réflexion.
Qu’un film nous offre l’occasion de prendre le temps est selon moi une très bonne chose. Etre remué, distrait, sans cesse secoué pour donner une illusion d’action ou de dynamisme me semble définitivement un faux semblant.
LES CHARIOTS DE FEU sont parfois « lents » ? Ce n’est pas le terme qu’ils m’évoquent, mais je n’y vois de toute façon pas un défaut.
LES CHARIOTS DE FEU demeure donc pour moi un grand film, parfaitement maîtrisé et qui continue de nous dire beaucoup de choses.
L’action se situe il y a un siècle, pendant le JO de 1924, à côté de Paris … Rien que pour cela, il est opportun de le revoir en 2023, d’ailleurs ….
J’aime la lenteur… Mais là… 😉
Je connais surtout la fameuse musique 🙂