Affiche du film Sicario
Une agente du FBI est recrutée pour des opérations clandestines destinées à lutter contre le trafic de drogue qui a transformé la frontière entre les États-Unis et le Mexique en zone de non-droit.
Film sous tension, Sicario ne manque pas d’atouts pour rendre palpable la situation explosive qui règne dans la zone frontalière entre les USA et le Mexique et l’hégémonie des cartels de la drogue qui y règnent par la terreur. Le choix d’une héroïne candide et intègre pour nous servir de guide facilite l’identification du spectateur qui, aussi désorienté qu’elle, se place d’emblée de son côté. Le portrait qu’en dresse Denis Villeneuve est, d’ailleurs, plutôt original, loin des stéréotypes habituels de la femme d’action et porté par l’interprétation particulièrement convaincante d’Emily Blunt.
La mise en scène efficace du cinéaste fait le reste, nous plongeant sans prévenir dans la brutalité d’un univers où la violence peut surgir de partout et venir de n’importe qui, comme en témoigne toute la première partie du film jusqu’à l’impressionnante fusillade au poste frontière. Un début presque sans-faute qui rend d’autant plus incompréhensible certains choix artificiels du réalisateur, principalement dans la dernière partie du film.
Si les différentes scènes dans la famille du policier mexicain paraissent un peu gratuites et n’ont qu’un intérêt limité dans le déroulement du récit, c’est surtout l’expédition punitive clôturant le film qui pique les yeux par son aspect esthétisant, entre belles images de bidasses marchant au coucher du soleil et affrontements incompréhensibles au rendu de jeux vidéo. Soutenu dans son sabotage par l’assommante bande originale de Jóhann Jóhannsson, Denis Villeneuve plombe définitivement Sicario dans le dernier quart d’heure où il transforme l’observateur interprété par Benicio Del Toro en une sorte de James Bond (alors qu’il était procureur dans son ancienne vie…) dont les actions improbables font tâche, surtout après un début aussi réaliste. À croire que Villeneuve se soit mis en tête de tourner un autre film comme s’il ne croyait pas vraiment au potentiel de son intrigue. C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied.