Affiche du film Kingsman : Services secrets
KINGSMAN, l’élite du renseignement britannique et de l’élégance, est à la recherche de sang neuf.
Pour recruter leur nouvel agent secret, elle fait subir un entraînement de haut vol à de jeunes privilégiés aspirant au job rêvé. L’un d’eux semble être le candidat « imparfaitement idéal » : un jeune voyou impertinent de la banlieue londonienne nommé Eggsy.
Ces super-espions parviendront-ils à contrer la terrible menace que fait peser sur le monde l’esprit torturé du criminel Richmond Valentine, génie de la technologie ?
S’il fait souvent référence à James Bond et s’amuse à en analyser les ressorts (poncifs ?) dramatiques pour mieux les détourner, Kingsman : Services secrets s’inspire plus volontiers de la série Chapeau melon et bottes de cuir avec ses agents secrets en costumes trois pièces aux noms de code empruntés aux chevaliers de la table ronde. Habiles à manier toutes sortes d’armes pour se battre, parapluies compris.
Il y a aussi un peu de Harry Palmer, l’espion à lunettes qu’interprétait Michael Caine dans les années 60, dans le personnage d’Harry Hart incarné avec flegme et élégance par Colin Firth.
Si le film vaut le détour c’est principalement grâce à sa présence et à la mise en scène inventive de Matthew Vaughn qui réinvente, notamment, la manière de filmer les bagarres, fluides et épileptiques à la fois.
L’intrigue est plus classique et, hormis un surprenant coup de théâtre au deux tiers du film, respecte sagement les conventions du genre. Il n’y a effectivement rien de « fun » ni de « pop » – comme le vendent certaines affiches du film – dans une histoire qui prône quand même en filigrane un retour aux traditions. Pour être sélectionné, le jeune héros (Taron Egerton assez peu charismatique) doit abandonner son côté rebelle pour rentrer dans le rang et arborer le costume cravate. Si c’est ça être rock’n’roll !
Et puis qu’y a-t-il de jouissif et de jubilatoire à voir des centaines de têtes exploser de façons psychédéliques ou à filmer, même si c’est avec maestria, des gens s’entretuer dans une église dans une séquence d’une ahurissante gratuité et d’une indécente complaisance ? Comme si l’abus de sang et de trucages numériques dédouanait de tout sens moral ce genre de scènes proche du jeu vidéo.
Si l’on excepte l’horripilant cabotinage de Samuel L. Jackson avec son cheveu sur la langue, Matthew Vaughn a su s’entourer de bons seconds rôles pour faire avaler la pilule de son ambigu spectacle. De Mark Strong, dans un rôle enfin sympathique, à Mark Hamill en passant par Michael Caine qui joue presque toutes ses scènes assis – amusant clin d’œil pour un film d’action – ils permettent à Kingsman : Service secrets de ne pas être tout à fait vain.