Dans une prison militaire de haute sécurité aux allures de château, l’arrivée d’un prestigieux détenu impressionne autant les prisonniers que le personnel pénitentiaire.
Il faut dire qu’Eugene Irwin est un général connu et respecté pour ses nombreux faits d’armes. Souhaitant purger tranquillement sa peine, le célèbre officier va pourtant devoir sortir de sa réserve en découvrant les méthodes sadiques que le colonel en charge de la prison fait subir à ses compagnons de cellule.
L’intérêt du Dernier château réside principalement dans la confrontation entre Robert Redford et James Gandolfini (l’un charismatique, l’autre veule et pathétique), ainsi que dans l’habileté du récit à faire monter la tension jusqu’à son paroxysme, transformant la chronique carcérale attendue en véritable film de guerre.
Mais toute médaille a son revers et Rod Lurie, qui met en scène cet affrontement avec classicisme et efficacité, plombe rapidement son film par un affligeant sous texte patriotique.
Les détenus sont dépeints comme de braves garçons un peu forte tête mais respectueux de la de la bannière étoilée qui flotte sur le pénitencier. Une vision simpliste et très hollywoodienne qui tente de nous convaincre que ces condamnés n’attendent finalement qu’une chose pour regagner le droit chemin : un esprit de corps sous l’impulsion d’un chef juste et exemplaire.
Un discours convenu qui n’oublie pas l’éternelle morale sur la valeur du sacrifice comme moyen de victoire et de rédemption.
De quoi vous dissuader de prendre d’assaut ce Dernier château qui ne manquait pourtant pas d’attraits.
Dans un sondage réalisé après le 11 septembre, 92 % des jeunes lycéens se disaient «très patriotes» (48 %) ou «assez patriotes» (44 %), soit un total de 92 % de lycéens patriotes, ce qui fait un sacré gros score pour l’âge rebelle.
Sachant qu’au pays officiel de la liberté, les films sont calibrés pour leur coeur de cible : les ados étasuniens, et que c’est le producteur qui dirige les films avec comme seul objectif avoué de faire un max de bénéfices ; comment être surpris que la majorité des films qu’on leur sert passent pour des hymnes nationaux ?
Et comment les ados qui vont au ciné (de moins en moins, tout de même, mais plus que les ados hexagonaux) pourraient-ils sortir de cette pensée de base alors qu’ils baignent dans le patriotisme, réalité très forte et omniprésente aux Zuès, depuis leur plus jeune âge ?
Même les quelques jeunes indiens Navaros sont patriotes, c’est pour dire !
C’est beau à voir, quand-même, une si telle unité béate, derrière la bannière étoilée, non ?
…. non !
Ca nous éloigne du Dernier château, ces considérations ?
… oui ! Et alors, c’est toujours ça de gagné !