De 1918 à nos jours, à La Nouvelle-Orléans, voici l’étrange histoire de Benjamin Button qui naquit vieux, à l’âge de 80 ans, et vécut sa vie à l’envers. Une vie hors du commun qui fut ponctuée de rencontres, de découvertes, de joies, de drames et surtout d’amour.

Décrié par de nombreux fans du cinéaste à sa sortie, Benjamin Button est certainement l’un des films de David Fincher qui passe le mieux le cap du temps. Loin d’être une simple bluette romantique teintée de fantastique, cette étrange histoire d’un homme vivant à rebours de ses contemporains est avant tout une réflexion apaisée sur le temps qui passe, la vieillesse et l’acceptation de la mort. Une thématique qui n’est pas vraiment dans l’air du temps mais qui séduit d’emblée par sa justesse de ton et son bel éloge de la différence, qui est bien souvent source d’isolement.
Nulle tristesse ou amertume dans le propos qui se veut aussi un hymne à la vie et aux choix que l’on fait… ou pas. « Nos vies sont définies par des opportunités, même celles que l’on manque. ».
David Fincher enchâsse avec habileté ses récits et ses différentes temporalités avec un art consommé de la mise en scène, passant de la couleur au noir et blanc pour composer un film nostalgique en diable. Un film loin d’être dénué d’humour, à l’image de ce gag récurrent de l’homme foudroyé qui parcourt le récit sous la forme d’un vieux film muet.
Bercé par les belles compositions d’Alexandre Desplat (qui signe là une de ses meilleures partitions pour le cinéma), L’étrange histoire de Benjamin Button est également un florilège de jolies histoires d’amour porté par un magnifique casting où brillent les performances de Cate Blanchett, Brad Pitt, Julia Ormond et Tilda Swinton à qui Fincher offre un séduisant rôle de femme énigmatique.
Alors même si « rien ne dure jamais et que c’est vraiment dommage » ne passez pas à côté de ce film émouvant et solaire qui dit qu’il n’est jamais trop tard pour être ce que l’on a envie d’être. Une réussite qui donne du baume au cœur et une larme au coin de l’œil.