1961. Dans un petit village sicilien, un chef d’entreprise travaillant dans le bâtiment est assassiné. Le chef des carabiniers, le capitaine Bellodi, est chargé de l’affaire. Alors que son enquête le mène sur la piste d’un règlement de comptes impliquant la mafia, il se heurte à la loi du silence et aux relations politiques de cette organisation criminelle…

Grand cinéaste du film de genre italien et défenseur d’un cinéma social en prise avec son temps, Damiano Damiani s’est fait une spécialité des thrillers et des films s’attaquant ouvertement à la mafia.
La mafia fait la loi est sa première incursion cinématographique dans l’univers de la Cosa nostra et, pour un coup d’essai, on peut dire que c’est déjà un coup de maître. Efficace, le cinéaste y déploie tout son art de la mise en scène autour d’un thème central, celui du voyeurisme. Pour ce faire, il crée une confrontation aussi passionnante que théâtrale entre le chef des mafieux et le capitaine des carabiniers qui se font face, de part et d’autre de la place du village.
Doté de dialogues savoureux, le récit, tiré d’un roman de Leonardo Sciascia, progresse sans temps mort, entre ambiance solaire et constat plus qu’amer. Il dénote, en tous cas, un indéniable pessimisme chez Damiano Damiani qui décrit une Italie gangrenée par la corruption.

Pessimisme qu’il tempère grâce au personnage de Rosa, femme de tête magistralement interprétée par Claudia Cardinale, seule lueur d’espoir dans un monde très sombre.
Délaissant le western qui l’a fait connaître, notamment grâce au personnage de Django, Franco Nero est plutôt convaincant en policier intègre et opiniâtre face à un imposant Lee J. Cobb. Tandis que Serge Reggiani se montre particulièrement émouvant en informateur inquiet soumis au bon vouloir des truands et des policiers qu’il renseigne.
La force du cinéma de Damiani, c’est de s’intéresser autant, sinon plus, aux gens du peuple qu’aux puissants.