A Montpaillard, la rivalité entre le facétieux braconnier Blaireau et son ennemi le garde-champêtre Parju provoque bien des remous au sein de la municipalité. Jusqu’à ce qu’une méprise envoie Blaireau, qui clame son innocence, en prison.

C’est avec ce second film qu’Yves Robert, qui a commencé sa carrière en tant que comédien, gagne ses galons de metteur en scène. Cette adaptation humoristique d’un roman d’Alphonse Allais séduit d’emblée par sa fraîcheur, son ton gentiment satirique envers les institutions et son ambiance Clochemerle qui voit les habitants d’une commune se disputer autour de l’arrestation arbitraire d’un braconnier célèbre dans le village pour tous les services (illégaux) rendus à la population.
Débutant et clôturant son récit sur un théâtre de Guignol, Yves Robert place clairement son film sous le signe de la comédie de situation et trouve en Louis de Funès, dans son premier grand rôle, l’interprète idéal pour incarner son héros libertaire et malicieux défiant l’autorité en place. Loin des personnages atrabilaires et grimaçants qui feront sa renommée, de Funès déploie un jeu plutôt sobre qui lui réussit bien. Autour de lui, le cinéaste a su composer une brillante troupe d’acteurs où brillent les performances de Moustache (dans le rôle du garde-champêtre) et de deux comédiens promis à de brillantes carrières : Claude Rich et Pierre Mondy.

Entre une partie de pêche miraculeuse et un fantaisiste séjour en prison, Ni vu, ni connu impose avec légèreté son ambiance bon enfant tout en distribuant quelques réparties bien senties sur la justice et la présomption d’innocence. Le tout emballé par les airs entraînants de Jean Wiener.
Ni vu, ni connu, Yves Robert allait marquer de sa patte la comédie française et offrir le premier classique d’une remarquable filmographie.