
Cadre supérieur dans la ferme industrielle de poulets en batterie que possède sa femme, Marco calme ses frustrations, tant sexuelles que professionnelles, en tuant des prostituées dans une chambre d’hôtel. Il entretient également une liaison avec Gabrielle, la nièce de sa femme. Bientôt les deux amants évoquent le fait de se débarrasser de la riche et encombrante épouse.
Atypique, La mort a pondu un œuf se pare des atours du Giallo (thrillers italiens très en vogue dans les années 60 / 70) pour mieux en parasiter les codes.
Expérimental, il se démarque des productions de l’époque grâce à un montage innovant. Il suffit, pour s’en persuader, d’évoquer la séquence qui ouvre le film (enchaînement de plans fugaces et déstructurés montrant la vie quotidienne d’un grand hôtel) ou de se remémorer l’étonnant flash-back de l’accident de voiture des parents de Gabrielle.
Esthétique, le film regorge de trouvailles visuelles.
Avant-gardiste, Giulio Questi l’est aussi qui, sous couvert d’un polar, dénonce les méfaits de l’élevage intensif et les méthodes cyniques d’un patronat, avide de profits, qui traite ses employés avec autant d’inhumanité que ses poulets.
Caustique dans son propos, le cinéaste multiplie les idées choc – avec son syndicat de patrons, ses manipulations génétiques et son international des poulets – afin de dénoncer l’industrialisation des méthodes de travail.

Déroutant et ambigu est l’étonnant trio formé par Gina Lollobrigida, Jean-Louis Trintignant et la jeune Ewa Aulin, symbole des errements d’une petite bourgeoisie moralement corsetée et à la recherche du grand frisson.
Assommant, ce second long métrage l’est indubitablement en dépit des qualités précédemment évoquées. Giulio Questi, à la filmographie aussi brève que détonante, finit par s’enferrer dans une critique redondante du capitalisme au détriment de son thriller qui ne manque pourtant pas d’atouts et de rebondissements. Les compositions dissonantes de Bruno Maderna n’arrangent rien à l’affaire et troublent l’inexorable assoupissement du spectateur.
Déconcertante, La mort a pondu un œuf (quel titre !) est une œuvre inclassable qui mérite d’être (re)découverte pour ce qu’elle est : un authentique objet filmique non identifié.
J’avoue n’avoir pas compris grand chose à ce film pourtant recommandé par la critique. Interrogé au micro de Mauvais Genres, Trintignant avait avoué la même chose. 😉
Une curiosité à découvrir comme tu l’écris.
Le visionnage fut ambivalent, en effet. Entre surprise et ennui. Dommage. 😉