La police enquête sur la décence d’un spectacle de music-hall. L’inspecteur Leboeuf s’invite au milieu des répétitions, questionne, suspecte et devient finalement un des acteurs de la revue que dirige Robert Dhéry.

Adaptation de la pièce à succès des Branquignols, qui exercèrent leurs talents de la fin des années 40 aux années 70, Ah ! Les belles bacchantes a beau se parer de la couleur (encore très rare dans les films français de cette époque) et multiplier les jolies femmes dévêtues (également fort rares dans les films français de cette époque) c’est peu dire qu’il ne rend pas hommage à l’humour absurde prôné par Robert Dhéry, Colette Brosset et leur célèbre troupe. Une troupe qui accueillit, entre autres, Francis Blanche, Jean Carmet, Micheline Dax, Jacques Legras, Mario David, Jean Richard, Michel Serrault, Pierre Tornade, Jean Lefebvre et, bien entendu, Louis de Funès.
Que Jean Loubignac ne soit pas l’homme de la situation est une évidence vu la manière dont il illustre platement la pièce que même les nombreux numéros grivois n’arrivent pas à pimenter. Le film pourtant interdit aux moins de 16 ans et son affiche qui promet (avec les Bluebell girls du Lido) les 100 plus belles femmes de Paris offre un spectacle aux ballets longuets et à l’érotisme aussi désuet que la revue.
Difficile de rire aujourd’hui des problèmes de « roubinets » du plombier incarné par Raymond Bussières ou du cabotinage grossier de Louis de Funès roulant les « r » avec l’accent du sud et imitant le cri du poulet pour faire comprendre qu’il est flic. Plus réussis, par contre, sont les quelques numéros burlesques typiques du style Branquignols (les cabines de bain, la danse des moines ou la fameuse chanson La Léopolda écrite par Francis Blanche et mise en musique par Gérard Calvi) qui font regretter une captation pure et simple de la pièce de théâtre de Robert Dhéry plutôt que cette mise en image paresseuse et molle de la fesse.
Le film reste, néanmoins, un témoignage de ce qu’était l’humour dans les années 50 et sidère par la richesse de sa distribution (l’impeccable Jacqueline Maillan y fit ses débuts au cinéma) dont le réalisateur n’arrive, hélas, jamais à tirer parti.
Un ratage de luxe réservé aux nostalgiques d’une époque aujourd’hui révolue.