Dans un futur proche, à Londres, un mystérieux combattant de la liberté se faisant appeler V défie le gouvernement fasciste qui gouverne le Royaume-Uni à coups de purges et de fausses informations. Un soir, il vient au secours d’Evey agressée par des miliciens parce qu’elle n’a pas respecté le couvre-feu imposé à la population…

Adaptation par les Wachowski (Matrix) de la bande dessinée d’Alan Moore et David Lloyd, le film de James McTeigue reste toujours d’actualité avec la montée des partis d’extrême droite un peu partout en Europe, le développement de la télésurveillance et l’avènement des fausses informations (ou « fake news » pour ceux qui ne savent plus parler français) sur certaines chaînes d’information et, à plus grande échelle, sur les réseaux sociaux.
V pour Vendetta expose brillamment comment une société peut, un jour, décider de se passer de la démocratie et vouloir s’en remettre à un groupe néo-fasciste qui a préalablement manipulé l’opinion pour prendre le pouvoir, notamment en stigmatisant les opposants au régime et les minorités.
En dépit de la gravité de son sujet, qui fait penser au 1984 de George Orwell, le film assure le spectacle grâce à son héros picaresque, mélange d’Edmond Dantès (pour son désir de vengeance) de Fantôme de l’Opéra et de Cyrano de Bergerac (pour sa fameuse tirade en « V »). Un héros d’ailleurs plus ambigu qu’il n’y paraît. Ses méthodes sont aussi contestables que celles employées par ses ennemis et le rapport qu’il entretient avec sa jeune protégée plutôt trouble. L’attachement d’Evey au vengeur masqué est-il véritable ou renvoie-t-il à un syndrome de Stockholm ? Autant de questions passionnantes que porte une brillante troupe de comédiens parmi lesquels se distinguent quelques grands acteurs britanniques : Stephen Rea, Stephen Fry et l’incontournable John Hurt.

Si Natalie Portman trouve là l’un de ses meilleurs rôles, c’est surtout la performance d’Hugo Weaving (l’agent Smith de la trilogie Matrix et le Roi des elfes de la trilogie du Seigneur des anneaux) qui impressionne. Dissimulé de bout en bout derrière le masque de Guy Fawkes (qui devint, suite au film, le symbole du mouvement cyberactiviste Anonymous), l’acteur parvient à donner vie au sourire figé qu’il arbore en permanence grâce à un prodigieux travaille sur sa voix qu’il module pour y faire passer toutes sortes de sentiments.
Aussi inquiétant (et prémonitoire ?) que distrayant, V pour Vendetta figure assurément parmi les classiques de l’anticipation dystopique au cinéma.