Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, pour permettre à son petit fils de jouer du piano, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Et pie, et pie voilà…

Ce qu’il y a de bien avec le cinéma de Guédiguian, c’est qu’on n’est jamais perdu et toujours en terrain connu.
On y retrouve les cinq mêmes acteurs qui s’échangent, d’un film à l’autre, le rôle du mari, de la femme, de l’amant, du frère, du fils adoptif, de la sœur ou du fameux oncle d’Amérique.
On y retrouve aussi Marseille et ses habitants qui s’expriment avec ce petit accent méditerranéen qui séduit d’emblée le cinéphile parisien en mal de vacances.
Cependant, avec La pie voleuse, le cinéaste innove et insère dans son titre un mot fourre-tout qui pourrait bien convenir à ses prochains films.
Jugez plutôt :
La pie New-Year ou l’histoire d’une jeune Marseillaise qui, chaque année, économise le moindre sou pour organiser de super soirées de premier de l’an pour sa famille et tous ses amis de L’Estaque.
La pie Ricoloso et Sporgersi ou le périple d’une Marseillaise sans le sou qui tente de passer clandestinement les Alpes en train afin de trouver refuge dans Les Cinque Terre où vivent son fils, sa belle-fille et Sporgersi son ancien amant aujourd’hui devenu pizzaiolo ambulant.
La pie qui chante ou les tribulations d’une ancienne cantatrice de retour de Paris après 40 ans d’absence. A Marseille, elle retrouve son accent et sa joie de vivre en enseignant des chants traditionnels de Provence à une chorale de migrants sans savoir que le chef d’orchestre, qu’elle ne peut pas blairer, est son fils né sous X.
La pie colle ou les aventures d’une militante socialiste, meilleure colleuse de tracts du Vieux-Port et un peu portée sur la dive bouteille.
La pie ne branle rien ou les mésaventures d’une vieille travailleuse du sexe qui décide de quitter le métier pour se lancer avec son frère, sa petite fille et son copain dans un camion restaurant spécialisé dans la bouillabaisse.
La pie Romane ou les vicissitudes d’une ancienne prof d’histoire de l’art qui tente de soigner ses pulsions pyromanes auprès d’un pompier unijambiste à la retraite. Saura-t-il faire feu de tout bois malgré sa béquille ?
La pie se tâche ou les épreuves d’une Marseillaise incontinente qui ne veut pas que son aide à domicile, secrètement amoureux d’elle, change ses draps. Un drame humide autant qu’humain.
La pie saladière ou la lutte acharnée d’une marchande de quatre-saisons écoresponsable des quartiers nord de Marseille pour empêcher l’implantation d’une enseigne de malbouffe américaine à la place de sa petite épicerie.
Et La pie voleuse dans tout cela ?
Le film aurait pu être titré : Marius et Jeannette ont mal tourné sans l’indéniable tendresse du cinéaste pour ses personnages et ses acteurs qui, Ariane Ascaride en tête, font de ce conte sentimental, solaire et social, qui prône l’entraide autant que l’art de la débrouille, un petit cru léger mais éminemment sympathique.