De 1985 à 2012, l’émission Strip-tease a fait les beaux jours de la télévision grâce à des sujets de société abordés dans des documentaires sans commentaires qui pariaient sur l’intelligence des spectateurs pour les décrypter.
Après deux retours remarqués au cinéma dans un format long (Ni juge, ni soumise en 2018 et Poulet frites en 2022 réalisés par Jean Libon, créateur du programme, et Yves Hinant), Strip-tease intégral revient aux bases de la célèbre émission en proposant cinq documentaires toujours aussi grinçants et caustiques. Si les influenceuses à Dubaï (cibles faciles pour un résultat hilarant), la comédienne autodidacte au festival d’Avignon (tout en finesse dans le plus pur esprit Strip-tease), et la mère de famille catho adepte des produits écolos (amusant mais manquant un peu de fond) séduisent d’emblée, le médecin hypocondriaque, malgré son ton railleur, laisse perplexe et donne l’impression d’avoir été mis en scène (le passage de la baignoire, notamment, qui ne semble pas du tout naturel).
Et que penser du documentaire qui clôt cet intégral ? Réalisé par Jean Libon et Yves Hinant, il nous montre, en un long plan fixe à la limite du soutenable, l’autopsie réalisée dans une morgue par un médecin légiste dont on découvre la double vie. En prenant dans son sens le plus trash la formule associée à leur magazine : « Strip-tease : l’émission qui vous déshabille », les deux réalisateurs ont-ils voulu faire un pied de nez à tous ceux qui les accusaient de faire du voyeurisme ?
Cette provocation un peu gratuite (hormis ses images chocs, le sujet n’apporte pas grand-chose) clôt sur une note moins convaincante un film qui reste pourtant de haute volée, nous faisant regretter l’époque où les documentaires ne surlignaient pas chaque image par un commentaire redondant.
Vivement le prochain grand déballage.