Un lieu, une maison, des familles qui s’y succèdent au fil des années, le tout filmé dans un même plan fixe.

Étonnant concept que de suivre à travers le temps et dans un même plan le destin de plusieurs familles, le cinéaste ouvrant, à l’intérieur de son plan fixe, des cadres de différentes tailles qui lui permettent de nous faire voyager à travers différentes époques.
Malheureusement, comme dit le proverbe, « qui trop embrasse mal étreint ». En abordant une temporalité trop grande (des dinosaures à nos jours, rien que ça), le procédé commence d’abord par agacer avec ses incessants allers-retours temporels où l’on peine à se retrouver. Mis à part les références au fils de Benjamin Franklin qui habitait la belle demeure que l’on aperçoit par le bow-window de la maison, le cinéaste aurait sans doute mieux fait de se concentrer sur les différentes générations de la famille Young plutôt que de s’attarder sur un couple d’amérindiens, la famille d’un aviateur, d’un inventeur et enfin celle d’un couple afro-américain. Tous ces destins n’apportent pas grand-chose au projet et délayent inutilement un récit qui cherche, par moment, à se donner bonne conscience.
Plus séduisante, en revanche, est la manière dont Here brosse, en creux, le portrait de la famille Young et du couple formé par Richard et Margaret (impeccables Tom Hanks et Robin Wright en dépit des rajeunissements numériques qu’ils subissent). Une évocation nostalgique et pleine de mélancolie sur la vie d’un couple qui a fait ce qu’il a pu, sans parvenir à faire ce qu’il aurait voulu. Un étonnant constat doux-amer qui sonne un peu comme un film de fin de carrière pour Robert Zemeckis et se clôt sur un plan magnifique qui suscite, enfin, l’émotion. Loin d’être le meilleur film du réalisateur de Forrest Gump, Here est certainement son film le plus personnel.