Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, rencontre, dans le cadre de son activité, le fils d’un oligarque russe qui s’entiche d’elle. Sans réfléchir, elle accepte sa demande en mariage. Mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, les parents du jeune homme débarquent à New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…

Portrait d’une travailleuse du sexe aux États-Unis, Anora a l’intelligence de prendre à contre-pied le courant naturaliste en vogue en ce moment au cinéma. Évitant tout misérabilisme, Sean Baker fait le choix de décrire une sorte de Pretty Woman (le glamour en moins) qui ne s’en laisse pas conter. Si la première demi-heure s’enlise un peu dans l’exposition de la romance entre les deux tourtereaux et devient répétitive dans la suite de tableaux sexuels qu’elle propose, la suite prend une heureuse tournure une fois le mariage entériné. Le cinéaste fait alors le choix de la farce en montrant une Anora qui tient la dragée haute aux hommes qui tentent de la menacer. Il faut dire que Mikey Madison, qui incarne Anora, est stupéfiante d’énergie et de gouaille. C’est elle qui aurait mérité le prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes (avec une mention spéciale pour Youri Bourissov, parfait en homme de main moins bas du front qu’il n’en a l’air). Quant à la Palme d’or, elle semble un peu surfaite pour un film qui n’est pas exempt de longueurs. Anora n’en reste pas moins un excellent film grâce au talent du metteur en scène qui finit, dans l’ultime scène, par faire tomber le masque de son héroïne et remet en perspective tout ce que nous venons de voir. Brillant !