Deux redoutables chasseurs de primes, aux motivations différentes, décident de s’associer pour mettre un terme aux agissements d’une bande de tueurs dirigée par un dangereux psychopathe surnommé L’indien.

Auréolé du succès de Pour une poignée de dollars, il fut rapidement demandé un nouveau western à Sergio Leone. Pas vraiment motivé à l’idée de recommencer ce qu’il avait déjà fait, il accepta, dit-on, la commande Pour quelques dollars de plus.
C’est donc à une copie presque conforme que le cinéaste nous convie : là aussi le héros s’infiltre chez l’ennemi avant de se prendre une copieuse dérouillée une fois son stratagème éventé. Du côté de la mise en scène, Sergio Leone réintègre, plus longuement encore, les trouvailles visuelles de son précédent film, comme ses fameux échanges de regards entre adversaires, indissociablement liés aux sublimes musiques d’Ennio Morricone. Et c’est de nouveau en Espagne, dans le désert andalou d’Almeria, qu’il recrée un Texas remplie de petites villes poussiéreuses où s’affrontent des tueurs crasseux aux mines patibulaires. Leone retrouve, pour l’occasion, Clint Eastwood qui reprend son rôle de tueur à gages au poncho et doit encore affronter un Gian Maria Volonté de nouveau pris en délit de cabotinage. Il faut dire que son personnage de tueur sanguinaire est particulièrement bête dans sa manière d’opérer (allant jusqu’à libérer ses ennemis qu’il a faits prisonniers plutôt que de les tuer) et que Leone et ses scénaristes ne s’embarrassent pas trop de vraisemblances dans les agissements de leurs protagonistes. Un défaut compensé par l’humour, encore plus présent que dans le film précédent, et le jeu pince-sans-rire de Clint Eastwood, entre regards perçants et œillades ironiques.

Les quelques changements se trouvent, ici, dans les fusillades moins nombreuses ainsi que dans l’ajout d’une dimension nostalgique qui faisait défaut à Pour une poignée de dollars. Cet aspect mélancolique, qui parcourra la suite de la filmographie du cinéaste d’Il était une fois la révolution à son chef-d’œuvre Il était une fois en Amérique, est porté par le personnage du colonel Douglas Mortimer et son interprète Lee Van Cleef qui verra, grâce à ce film, sa carrière moribonde relancée en Italie. Le secret qu’il porte, et partage avec le méchant du film, est le fil conducteur de ce western ponctué de souvenirs que rappelle ingénieusement la petite mélodie pour montre de poche composée par Morricone.
Peut-être le plus faible des films de Leone sur les États-Unis, Et pour quelques dollars de plus venait, en tous cas, confirmer la parfaite hybridation entre folklore italien et western américain.