
En pleine seconde guerre mondiale, à Londres, un homme, tout juste sorti d’un hôpital psychiatrique, se retrouve involontairement mêlé aux agissements d’un groupe de nazis infiltrés en Angleterre. Traqué par l’ennemi et pourchassé par les hommes de Scotland Yard qui le soupçonnent d’être un traître, il va tenter de s’innocenter en découvrant qui est à la tête de ce dangereux réseau d’espions allemands.
Sorti en 1944, Espions sur la Tamise est considéré par Fritz Lang comme un simple film de propagande contre le nazisme. S’il l’est indubitablement, sa mise en scène exemplaire – où chaque plan est minutieusement pensé – et ses sublimes images en noir et blanc en font pourtant instantanément un classique du film noir et d’espionnage.
Avec son atmosphère paranoïaque en diable, le cinéaste joue habilement des peurs de ses contemporains et compose des ambiances qui flirtent volontiers avec le fantastique, à l’image de cette inquiétante séance de spiritisme qui rappelle les grandes heures de l’expressionnisme allemand avec ses somptueux clairs-obscurs.

Pour aller de l’avant et cesser de tourner en rond, en ressassant le passé, le héros doit absolument briser le cercle (thème récurrent du film) du destin symbolisé, notamment, par celui, très occulte, qu’il est obligé de former avec certains membres du groupe d’espions nazis.

Alors, même si le film comporte quelques raccourcis scénaristiques aisés, une romance peu développée et une fin vite expédiée, il n’en demeure pas moins une œuvre visuellement soignée, envoûtante comme un mauvais songe, portée par la prestation trouble et ambiguë de Ray Milland.

Une étonnante réflexion sur les faux-semblants qui semble avoir grandement inspiré Hitchcock et son célèbre La mort aux trousses qui présente de nombreuses similitudes avec ce chef-d’œuvre méconnu de Lang.
L’ombre de Lang est décidément d’un noirceur à laquelle on souscrit avec grand plaisir. Jamais vu, mais je ne demande qu’à voir.
Il me tente bien 🙂 et j’adore ce réalisateur !