
Dans l’attente d’être titularisé, un professeur de français suppléant exerce le métier de surveillant dans un lycée. Malmené par les élèves, ses collègues et la direction de son établissement, le timide enseignant se réfugie dans l’écriture.
Emballée par l’un de ses textes, la mère d’un de ses élèves l’encourage à écrire un roman.
Avec Le Pion, Christian Gion signe une réjouissante comédie scolaire qui fut, peut-être, à l’origine de la future thématique des cancres et de leurs enseignants que populariseront Les sous-doués de Claude Zidi (1980), Le Maître d’école de Claude Berri (1981) ou encore P.R.O.F.S de Patrick Schulmann (1985). Comme dans ces films, les gamins multiplient les âneries. Ils fument, boivent des bières ou lisent le magazine Lui pendant les permanences, trichent de manières inventives aux examens et multiplient les attaques de petits-suisses en piqué sur les professeurs qu’ils ont dans le nez.

Pourtant, loin d’être une suite de sketches chantant les louanges de l’humour potache, Le Pion s’attache surtout à dresser le portrait d’un gentil timide qui rêve de devenir écrivain, tout en dénonçant au passage les coteries littéraires. Pour incarner cet attachant électron libre, le coup de génie de Christian Gion est d’avoir été chercher Henri Guybet, second couteau suisse de la comédie française, qui fait ici merveille dans le seul premier rôle de sa carrière. Tour à tour drôle et touchant, il donne une belle humanité à son personnage de professeur suppléant et fait de sa rencontre nocturne avec Claude Dauphin (vieil écrivain charmé par le talent de ce nouveau confrère) un petit moment de grâce qui donne envie de se mettre à écrire.
Porté par des dialogues plutôt enlevés et embelli par les présences lumineuses de Claude Jade et Maureen Kerwin, Le Pion est autant un sympathique instantané d’une époque révolue que le meilleur film de Christian Gion.
Je n’en gardais pas un souvenir aussi ému, je devrais peut-être réviser.
J’ai passé un bon moment en le revoyant. Le film dégage, aussi, une certaine forme de nostalgie pour ceux qui ont vécu cette époque au collège ou au lycée. 😉