
Pendant la campagne d’Italie, un détachement de hussards arrive en vue d’un petit village du Piémont. Envoyés en éclaireurs pour dénicher des francs-tireurs, Le Gouce et Flico perdent leurs chevaux en allant soulager un besoin naturel. Pour ne pas subir les foudres de leur capitaine, ils prétendent être tombés dans un guet-apens aux abords du village. En représailles, l’officier décide de faire fusiller un des habitants qu’ils devront désigner. Face à ce choix, les deux soldats vont très rapidement se trouver aux prises avec leur mauvaise conscience…
Première des six collaborations entre Alex Joffé et Bourvil (où l’on retiendra surtout le très amusant Les Cracks se déroulant dans le monde du cyclisme), Les hussards a de quoi laisser perplexe, même s’il connut le succès à sa sortie en salles. Car si le ton est bien celui d’une comédie, le sujet, qui tourne autour de l’exécution d’un innocent, prête assez peu à rire. Le tandem Bourvil / Bernard Blier a beau être sympathique, il ne parvient pas vraiment à trouver le bon tempo comique pour composer un duo de cinéma mémorable. Tandis que Louis de Funès, qui n’a aucune scène en commun avec Bourvil, se voit réduit à faire de la figuration grimaçante dans un petit rôle de sacristain.
Le film pâtit surtout de son origine théâtrale qui oblige le réalisateur à combler les blancs entre deux scènes dialoguées dans la boutique où se déroule le plus gros de l’action. S’ensuivent des séquences à rallonge – où nos hussards chevauchent dans la campagne italienne, courent sur la place du village après une belle italienne et se chamaillent – pour donner au film une durée acceptable. Et que dire du passage obligé où Bourvil pousse la chansonnette en jouant le benêt éméché ou de l’interminable bataille finale, tellement peu compréhensible qu’elle finit par perdre le spectateur.
Tragi-comédie historique aux idées fort honorables mais traitées de façons trop mollassonnes et bon enfant pour susciter durablement l’intérêt, le film d’Alex Joffé peine à divertir et ne piquera la curiosité que des inconditionnels de Bourvil et de Bernard Blier.
Le lien habituel de la bande annonce renvoie au film entier.
Du coup, j’ai regardé tout le film en diagonale.
En effet, ça m’a tout l’air d’être tourné à la va-vite et les deux acteurs ne se foulent pas trop avec des dialogues pas bien folichons …
Les italiens font le décor, genre patelin de demeurés éplorés.
Pas sûr que l’analyse de la situation de la Campagne d’Italie soit bien fidèle, alors que son succès mena rapidement Bonaparte près du pouvoir …
Il n’est effectivement pas simple de planter une comédie dans un cadre guerrier quand on a conscience des atrocités de toute guerre. Mais comment demander à un film de 1955 de passer les limites de notre tolérance à sa légèreté, au fil des décennies ? Peut-être qu’en 1955, c’était plus simple de planter une action dans une guerre des dernières années du 18ème siècle, alors que la seconde guerre mondiale ne s’était achevée que depuis dix ans en Europe … Peut-être que, pendant que les combats ont lieu à l’Est de notre Europe, il faudrait éviter de regarder une comédie mettant en scène deux bons coullions égarés dans une guerre dont les enjeux leur échappe comme ils échappent certainement à la plupart des spectateurs aussi égarés, 227 ans après la Campagne d’Italie.
Il y a bien une espèce de malaise à être léger dans un cadre guerrier, même s’il est spectaculaire par nature …
Il y a tant d’autres considérations qu’il n’est pas l’objet ordinaire de traiter ici. Ce film provoque des pensées profondes et graves si lointaines de l’esprit du film qu’on a du mal à s’imaginer le regarder comme il nous invite à être vu.
On a l’impression que tu parles de La grande vadrouille. 😉
Peut-être, justement, qu’en 1955, on savait bien ce qu’était la guerre, et qu’on était capable d’y penser sur tous les tons, même si le mode comique peut sembler incongru ou choquant aujourd’hui.
Les gens avaient peut-être besoin de se détendre, et le cadre guerrier était un cadre comme un autre, surtout avec le recul historique de 160 ans à l’époque, ce qui faisait au moins six générations.
L’oubli relatif des blessures de la guerre arrive après la troisième génération suivant un conflit, quand les évènements ne viennent plus aux oreilles des contemporains par la bouche des vieux qui les ont vécus et subis …
Depuis notre naissance, la première guerre mondiale (selon la terminologie des livres) a fini de disparaître de la mémoire des témoins quand ils s’en sont allé. Désormais, c’est la seconde guerre mondiale approche du moment de son classement dans la grande Histoire, que les gens n’auront plus vécue ni entendue de la voix de leurs grands-parents, et qu’il sera facile de revisiter.
La première ministre s’est même fait récemment enguirlander par le grand patron, parce qu’elle évoquait les salauds qui avaient pactisé avec l’ennemi et qui trainaient encore leur rancœur pétainiste collaborationniste fasciste dans les instances dirigeantes du parti soi-disant patriotique mais toujours prompt à se vendre à l’ennemi ! Ca a dû être difficile pour elle de ne pas rappeler à ce plus jeune que son propre père, survivant des camps, avait fini par quitter sa vie volontairement à cause de ces blessures de la guerre, dont des plus jeunes ne supportent plus qu’on évoque le souvenir pour au moins en tirer quelques leçons et dénoncer les coupables …
Bourvil et Blier saluaient encore en 1955 le dos de Bonaparte, présenté alors comme un demi Dieu ; alors qu’on ne se gêne plus pour en faire le procès aujourd’hui que l’Europe qu’il avait parcouru avec ses troupes est réunie.
Le temps fait son office sur l’Histoire. Une guerre en chasse une autre, et pourtant elles se ressemblent toutes du point de vue des gens qui la subissent … Il conviendrait, en ces temps de baisse des conscience et de hausse des violences, de s’en souvenir.
Je passe mon tour ^^