Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité et des privilèges. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.

Megalopolis. Un film qui, à l’image de son titre, affiche l’ambition démesurée de Coppola. Sans doute parce qu’il pense que son temps est compté, le cinéaste orchestre un film de science-fiction qui convoque le péplum, le polar, la romance, la comédie musicale mais aussi, et surtout, le film politique. Une œuvre protéiforme qui court après tant de lièvres qu’elle réussit l’exploit de n’en attraper presque aucun. Pourtant, il y a matière à quatre ou cinq scénarios dans Megalopolis et certains sont loin d’être inintéressants.
Entre de nombreux hommages à de grands classiques du cinéma comme Ben-Hur de William Wyler, La nuit du chasseur de Laughton, Le Satyricon de Fellini, L’enfer de Clouzot ou le Napoléon d’Abel Gance (avec l’utilisation de la « Polyvision » ou triple écran) et quelques clins d’œil appuyés à sa propre filmographie (du Parrain à Coup de cœur), Coppola pose un regard aussi lucide que cynique sur la politique de son pays. Pris en tenaille entre un mythomane qui vend du rêve pour brochures immobilières et un affairiste soucieux de garder ses privilèges, le peuple, qui se retrouve à la rue et que l’on occupe avec du pain et des jeux, finit par plébisciter un orateur aussi dingo que démagogue. Toutes ressemblances avec Donald, ne Trumperait pas énormément…
Dommage que la démonstration soit si lourdement appuyée par d’interminables dialogues truffés de citations latines qui donnent l’impression que les 2h18 de film durent plus de 4 heures. N’allez pas penser, pour autant, que le film est totalement calamiteux. Loin de là. Il brille mais en marge, grâce à de belles réparties, une chanson en apesanteur, des séquences de toute beauté, d’autres complètement barrées, une scène de baise bien troussée et l’attention portée aux seconds rôles qui se taillent la part du lion face à un Adam Driver et un Giancarlo Esposito plutôt fadasses. Si Shia Labeouf, en arriviste décadent, marque les esprits, c’est surtout Aubrey Plaza (remarquée dans la série Légion) qui épate dans un numéro outré mais hilarant de femme puissante (Léa, si tu nous lis…) sans scrupule. Elle est la vraie révélation de Megalopolis.
Au vu de ses défauts, il est peu probable que ce film mégalo se bonifie avec le temps, mais il a le mérite de faire preuve d’inventivité et d’offrir quelques vrais moments de cinéma comme a toujours su le faire Coppola, véritable parrain de l’industrie cinématographique.