1947. Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant et mère d’un petit garçon né d’un père allemand, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé, qui tente de cacher à la société son homosexualité. Malgré l’adversité et les aléas de l’existence, un amour profond va unir ces deux êtres malmenés par la vie…

Débutant par d’éprouvantes images d’archives qui montrent, à la fin de seconde guerre mondiale, l’humiliation des femmes tondues pour avoir couché ou collaboré avec l’ennemi, le mélodrame de Katell Quillévéré place haut la barre des attentes. Si les images sont belles et la mise en scène de la cinéaste plutôt convaincante dans sa retranscription de la France de la fin des années 40 à la fin des années 60, son récit s’avère plus classique et manque parfois d’ampleur même s’il n’est pas dénué d’intérêts, notamment dans la réflexion qu’il porte sur le couple.
Pourquoi cacher, pendant un temps, l’homosexualité de François alors que le spectateur la devine assez rapidement ?
Pourquoi ne faire qu’effleurer la question du trio amoureux, alors que Quillévéré réussit une belle scène d’amour, chargée d’érotisme, entre ses trois personnages ?
Heureusement, la principale force du Temps d’aimer réside surtout dans son épatant duo d’acteurs.
Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste prouvent ici qu’ils font certainement partie des acteurs les plus talentueux de leur génération. Grâce à eux, l’émotion est toujours au rendez-vous, même si Lacoste semble parfois un peu trop jeune pour un rôle qui s’étire sur vingt ans.
Dommage qu’en toute fin de film, Katell Quillévéré gâche le bel équilibre qu’elle a su créer par une comparaison malvenue et plutôt « tirée par les cheveux » . En l’état, son Temps d’aimer n’en demeure pas moins une belle histoire d’amour hors norme.