Dans la douceur d’une nuit d’été, Louis et Émilie se sont appréciés et caressés.
Ils se sont rencontrés plus tôt dans la soirée et vont maintenant lentement se révéler.
Dans la douce pénombre d’un appartement, ils vont parler d’amour, de sexe et évoquer ce que serait leur vie de couple.
Leurs zones d’ombre mises à jour, resteront-ils ensemble au petit jour ?

Nuit d’été en ville ou le nouveau défi des Deville.
Porté par les mots et le scénario de sa femme Rosalinde, Michel Deville se lance un nouveau pari : orchestrer un huis-clos nocturne et amoureux. Une petite musique de chambre, écrite pour un tête à tête à deux voix, qui prend la forme d’un séduisant jeu érotique.
L’érotisme, un thème que le cinéaste s’est toujours plu à visiter de Benjamin ou les mémoires d’un puceau à Péril en la demeure, en passant par Le voyage en douce et qu’il aborde cette fois frontalement, tout en réussissant à garder une certaine retenue dans la manière de filmer la nudité de ses personnages.
Moins désincarné dans sa forme que Le Paltoquet, le film n’en demeure pas moins aussi épuré que singulier avec ses corps dénudés, son ambiance tamisée, ses dialogues enlevés et ses deux âmes, aussi esseulées que charmées, qui vont lentement se rhabiller pour mieux se dévoiler.
Passant du coq à l’âne et s’amusant avec les mots, Rosalinde Deville passe en revue, le temps d’une nuit, les choix amoureux de toute une vie. De l’orgasme, ou petite mort, qui ouvre le film jusqu’à l’endormissement de ses amants qui prennent la pose de deux gisants. Entre-temps, elle aura composé un scénario puzzle, comme ceux que s’amusent à faire Émilie, où chaque moment de la vie d’un couple est abordé, déconstruit et recomposé… sans modèle.
De son côté, le cinéaste compose un parfait écrin pour ces jeux de l’amour et du vachard, avec sa mise en scène fluide et caressante, au plus près du jeu de ses acteurs, Marie Trintignant et Jean-Hugues Anglade parfaits l’un et l’autre.
Alors oui, le film est un peu bavard et peut dérouter par son approche théâtrale, une récurrence dans la filmographie de Michel Deville. Mais si l’on se laisse porter par la musicalité de l’écriture et par la belle composition pour Quatuor à cordes de Saint-Saëns, qui accompagne idéalement cette ode au plaisir des cinq sens, ce voyage immobile au pays des désirs mérite que l’on se glisse discrètement dans l’appartement d’Émilie. Vous verrez, là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté.