Vienne, 1957. Portier de nuit dans un grand hôtel, Max reconnaît immédiatement Lucia qui vient séjourner dans l’établissement en compagnie de son mari chef d’orchestre. Ancien officier S.S., Max a abusé sexuellement de Lucia alors qu’elle était prisonnière dans un camp de concentration. Entre l’ancien bourreau et sa victime va se nouer une relation sado-masochiste…

Malsain et dérangeant, Portier de nuit l’est sans aucun doute.
À sa sortie, il créa la polémique par l’ambiguïté affichée de son propos qui esthétise froidement la relation entre un bourreau et sa victime dans l’enceinte d’un camp de concentration. De cette nauséabonde vision sexualisée du nazisme découlera un sous-genre, la nazisploitation, qu’exploitera principalement le cinéma italien. Cependant, le propos de Liliana Cavani n’est pas là. Il tente, au contraire, d’explorer la fascination qu’exerce le fascisme et de mettre en garde face à une banalisation du Mal qui est, hélas, plus que jamais d’actualité, notamment avec la montée de l’extrême droite un peu partout dans le monde.
Une démarche audacieuse qui, en préférant l’onirisme au discours politique, manque en grande partie sa cible et sombre dans le voyeurisme et les approximations historiques. Qui peut croire à cette amicale d’anciens nazis qui se réunissent pour se redonner une vertu et suppriment tous les témoins de leurs anciennes exactions ?

De même, si les motivations de Max semblent claires, celles de Lucia laisse plus que perplexe. Si elle a dû composer avec la morale pour sauver sa vie et a, sans doute, développé un syndrome de Stockholm avec son bourreau, sa représentation comme victime consentante révolte et révulse tout à la fois. Un parti pris osé et discutable qui n’est sans doute pas la meilleure façon de rendre hommage aux innombrables victimes de la Shoah. Chacun jugera.