
Entre souvenirs d’enfance et rêveries, Francesca Comencini évoque le lien indéfectible qui l’unissait à son père, le cinéaste italien Luigi Comencini.
Avec Prima la vita (le vrai titre italien est Il tempo che si vuole), Francesca Comencini se livre au difficile exercice de l’autobiographie cinématographique, genre que son père, le cinéaste Luigi Comencini, n’appréciait guère.
Ravivant ses souvenirs d’enfance (et les nôtres, pour ceux nés dans les années 60), elle renoue avec la sensibilité de son père, qui savait si bien se mettre à hauteur d’enfant, et redonne vie au tournage de la série Pinocchio ainsi qu’à sa célèbre ritournelle qui ne nous laissait pas de bois.
Très juste, quand elle tente de rendre compte de ses états d’âmes d’enfant puis de son attitude face à l’addiction lors de son adolescence, la cinéaste peine à convaincre dès qu’elle sort de cette relation père fille où rien d’autre ne semble exister, ni même l’intéresser. Toutes les allusions à la vie politique d’alors (les Brigades rouges, l’assassinat d’Aldo Moro) sont un peu artificielles et ne servent que de simples marqueurs temporels pour un film très autocentré (on ne saura rien des autres membres de la famille de la cinéaste) plutôt édulcoré (la cinéaste ne se livre pas vraiment sur ses années de toxicomanie) et où les scènes oniriques ont du mal à fonctionner, hormis lors d’un touchant final.
Reste de jolis moments suspendus portés par trois acteurs excellents (Fabrizio Gifuni – dans le rôle de Luigi Comencini – face à Anna Mangiocavallo et Romana Maggiora Vergano qui interprètent la cinéaste) et une émouvante lettre d’amour à un père qui aura donné à sa fille le temps qu’il faut, en appliquant à la lettre son credo : « D’abord la vie, le cinéma ensuite. »