Licenciés d’une usine, quatre amis se retrouvent sans travail. Après avoir testé, sans succès, plusieurs petits boulots, ils trouvent enfin une activité à plein temps. Ils vont venir en aide à un petit commerçant de leur cité qui doit affronter la concurrence déloyale d’une grande surface qui vient de s’ouvrir en face de chez lui…

Véritable phénomène culturel dans les années 70, Les Charlots sont un peu tombés en désuétude malgré leurs célèbres chansons fantaisistes (Merci patron, Paulette, la reine des paupiettes…) et une série de films qui furent d’énormes succès public (Les Bidasses en folie avec ses 7,5 millions d’entrées ferait rêver beaucoup de comédiens aujourd’hui) jusqu’au début des années 80. Pour cette troisième collaboration avec Claude Zidi (dont ils ont lancé la carrière), la petite bande de bras cassés se trouve confrontée au monde du travail, au chômage et au début de la consommation de masse symbolisée par l’ouverture de grandes surfaces. Comme pour ses deux précédents films avec Les Charlots, le cinéaste compose une sorte de dessin animé en prise de vue réelle basé sur des gags visuels s’enchaînant avec plus ou moins de bonheur.
Si le début du film, qui présente les quatre marginaux dans leur barre HLM, est un peu poussif et fait craindre le pire, la suite s’avère beaucoup plus réjouissante.

Dès que la confrontation s’engage avec le grand supermarché, le scénario prend des allures de comédie sociale et témoigne d’une époque qui lança la folie d’un consumérisme dont nous subissons toujours les dérives. Les trouvailles absurdes pour voler le fameux Grand bazar font le plus souvent mouches d’autant que les numéros des quatre Charlots se voient rehaussés par les prestations d’une impeccable galerie de seconds rôles, de Michel Galabru à Michel Serrault en passant par Roger Carel, Coluche et Jacques Seiler (partenaire de Claude Brasseur dans la série Les nouvelles aventures de Vidocq).
Plus surprenante est la fin, aussi désenchantée que lucide, concoctée par Zidi et ses scénaristes (Michel Fabre et Georges Beller) qui remarque que la morale finit souvent par s’effacer devant l’argent. Un constat ironique qui fait de ce Grand bazar l’un des meilleurs films des Charlots.