
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient, en quelques semaines, l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Au huis-clos judiciaire qui est, à lui seul, un genre cinématographique, Cédric Kahn apporte sa pierre qui n’est pas des moindres.
Véritable épure, sans musique ni fioritures, son Procès Goldman questionne avec intelligence la présomption d’innocence, les failles de la justice ainsi que les manquements de la police. Passionnant, le film s’interroge autant sur la fiabilité des propos tenus par l’accusé que sur ceux des témoins qui se succèdent à la barre. Pour ce faire, le cinéaste choisit de valoriser la parole plutôt que de la mettre en scène, comme souvent, sous forme de retours en arrière. Une sobriété bénéfique au film qui mise sur le jeu de ses acteurs, tous excellents, pour faire la différence et nous tenir en haleine. Saluons les performances d’Arthur Harari dans le rôle de Maître Kiejman et d’Arieh Worthalter (qui a ici des faux airs de Gian Maria Volonté) dans celui de Pierre Goldman, deux acteurs à suivre qui portent véritablement le film sur leurs épaules.
Alors même si certains plans, trop appuyés, sur l’auditoire donnent parfois la sensation d’un film à décharge, Le procès Goldman n’en demeure pas moins l’une des plus belles réussites cinématographiques françaises de l’année 2023, loin devant la palme d’or : Anatomie d’une chute.
Le film peut être intéressant, je connais peu cette affaire 🙂
Tu œuvres en très bon avocat pour la défense de ce film. Je m’associe à ce plaidoyer. En général, Kahn n’est pas manchot quand il traite de faits divers (« Roberto Succo » par exemple), et il montre qu’il peut aussi trouver de la ressource en restant enfermé dans une salle d’assises. Un film sur une époque qui ressemble beaucoup à la nôtre.