Une octogénaire entêtée meurt de froid lors d’un déménagement. Affolés, les déménageurs entreposent le corps dans une armoire à glace et filent vers Paris où les attend Alfred, le neveu de la vieille dame. Malheureusement, le camion est volé devant son immeuble obligeant Alfred à se lancer dans une improbable quête pour retrouver l’armoire contenant sa tante.

Méconnu dans la vaste filmographie de Fernandel, le film de Carlo Rim ne manque pourtant pas d’attraits dans sa tentative de sortir de la comédie franchouillarde pour flirter avec l’humour absurde, le fameux « nonsense » dont le cinéma britannique s’est fait une spécialité.
Plus sobre qu’à l’accoutumée, Fernandel privilégie la gestuelle à sa faconde habituelle comme s’il tentait lui aussi d’explorer d’autres façons de jouer la comédie. Tiré à quatre épingles, son parapluie accroché au bras, il interprète avec rigueur son personnage de percepteur pour mieux s’en amuser en nous lisant le bottin, à la recherche d’un Moreau, dans un monologue alcoolisé qui tire, hélas, un peu à la ligne.
Les dialogues sont pourtant l’un des points forts du film comme le prouve cet échange entre deux truands :
– Tu serres les fesses.
– Je serre les fesses, comment qu’tu l’sais ?
– T’es un expansif. Quand tu serres les fesses ça se voit sur ta figure.
– C’est malin, comme si t’avais pas les jetons toi aussi.
– Moi ça se voit pas, moi c’est intérieur. Moi, j’ai les jetons dans l’honneur et dans la dignité.
Des dialogues qui montrent l’affection que porte le cinéaste pour le monde de la nuit (avec ses truands hauts en couleur et ses petits hôtels où vont et viennent couples illégitimes et prostituées) tandis qu’il brocarde l’armée du salut prompte à transformer une maison de passe en maison de grâce.
Carlo Rim soigne ses ambiances, que ce soit en décors naturels ou en studio, parvenant, par instant, à créer de belles séquences poétiques, à l’image de ce défilé d’armoires à glace dans la cage d’escalier de l’immeuble d’Alfred.

De nombreuses qualités qui ne parviennent jamais, hélas, à faire oublier le côté très répétitif de la quête (qui traîne franchement en longueur lors du séjour du percepteur à l’hôtel), ni la résolution un peu facile de l’intrigue. Dommage, car cette Armoire a effectivement quelques belles envolées…