Sur le point de tourner son nouveau film, Giovanni, cinéaste italien de renom, doit faire face à la faillite de son producteur principal, à sa fille qui le délaisse ainsi qu’à la demande de divorce de sa femme.

Autoportrait d’un cinéaste cabotin et égocentrique qui profite de son nouveau film (sur l’insurrection de Budapest en 1956 vue à travers le regard d’un couple de communistes italiens) pour régler ses comptes avec lui-même (un peu) et avec les autres (surtout).
Ni tout à fait lui, ni tout à fait un autre, Giovanni ressemble à Nanni Moretti, personnage aussi attachant qu’agaçant qui a réponse à tout et à l’art de faire tourner en bourrique sa femme, sa fille ainsi que son équipe. Avant chaque tournage, il oblige sa famille à regarder le même film (Lola de Jacques Demy) en mangeant de la glace et ne supporte pas, véritable tête de mule, la sonorité traînante de ces chaussures ouvertes au talon que porte une de ses actrices.
Si la critique est un peu trop complaisante à son égard, elle fait mouche dès qu’elle égratigne les nouveaux venus dans le paysage cinématographique italien. Que ce soit les jeunes réalisateurs influencés par la violence gratuite et stéréotypée du cinéma hollywoodien qui privilégie la forme au fond ou les nouveaux promoteurs du cinéma, comme Netflix, qui ne réfléchissent qu’en termes (anglo-saxons) de zones d’influence, de parts de marché, de films scénarisés à la minute près et de moments « What the fuck ! ».
Moretti leur répond, à sa manière, par un film tout aussi « What the fuck ! » qui part et parle en tous sens de son amour pour le cinéma mais se perd rapidement en chemin, sans parvenir à se trouver une fin convaincante, ni un acteur principal digne de ce nom. Finalement, à l’instar de Woody Allen, le plus grand ennemi de Moretti cinéaste n’est-il pas Moretti l’acteur ? Abandonner l’autofiction et cesser de se mettre en scène serait, peut-être, une piste à suivre pour que le cinéaste réussisse enfin à emmener son cinéma vers un avenir radieux.